70. L ’estomac est simple, l'oesophage s’insère dans son milieu, et
une grosse glande, placée près'de cette insertion, y verse des sucs
par des pores nombreux et assez larges;
8°. Les intestins ressemblent beaucoup h ceux des chevaux, le
cæcum est énorme, e t , aussi bien que le colon, divisé en grandes
boursouflures par ses ligamens;
g°. Les os du nez s’articulent l’un avec l’antre comme dans les
animaux ordinaires;
io». Le bassin se compose de deux os i n n o m m é s , semblables, à
quelques égards, au cubitus de 1 homme, attaches dune part, au
moyen de forts ligamens, à la vingt-cinquième vertèbre (1), de
l’autre à l’os pubis ;
1 1°. Il y a six vertèbres au cou, dix-neuf au dos et trente-cinq
à la queue, soixante en tout, nombres très-différens de ceux du vrai
lamantin. Cependant Steller ajoute qu’il n’y a que dix-sept paires
de côtes, dont cinq vraies et douze fausses : apparemment il compte
la dernière cervicale et lapremière lombaire avec les vertèbres du dos ;
1a». Cet animal ne mange point d’herbes terrestres comme le vrai
lamantin, mais seulement des fucus.
On voit par cet extrait de la description de Steller, qu’il n’est
guère possible que denx animaux d’une même famille Se distinguent
par un plus grand nombre de caractères que les lamantins de l’Atlantique
et ce prétendu lamantin de l’île Beering. Aussi M. lllig ë r ,
bientôt après la première publication du présent chapitre (a)-, en
a-t-il fait un genre à part sous le nom de r jtin a (3).
Steller avoit observé cet animal dans le nord de la mer Pacifique.
Pennant, et d’après lui Shaw, y rapportent les lamantins vus par
Dampier à la Nouvelle-Hollande et a Mindanao, ainsi qu un dessin
fait à Diego-Raiz et conservé chez M. Banks j mais cette assertion
est plus que gratuite, et il est probable qu il ne s agit dans tout' cela
que du dugong.
(1) Steller dit la trente-cinquième, mais il est aisé de voir quec'est une faute d'impression.
' (2) Ann. du M us ., t. X I I I , «un.1808.
(3) Dans son Prodromus sj-st. Marttmat. et Aviutn, Berlin , i 8 [ i , p. n fi.
Fahricius (i). assure avoir trouvé au Groenland un crâne avec
des os dentaires semblables à ceux qu’a décrits Steller. L ’espèce
passeroit-elle dans la mer Glaciale au nord du continent de l’Amérique
ou dans le canal que les Anglais ont récemment découvert, et
pourquoi alors ne l’auroit-on jamais vue en Islande ni enNorwége ?
Une bonne figure et une description de cet animal et de son ostéo-
logie seroient le plus grand service que les Russes ou les Anglais qui
vont pêcher dans les parages où il habite pourraient rendre à l’histoire
jiaturelle.
A r t i c l e Y.
D u dugong.
Les naturalistes n’ont eu long-temps, touchant le dugong, que
quelques indications légères ou fautives des voyageurs, et une figure
de sa tête donnée par Daubenton.
Quoique ses défenses fussent implantées comme celles de l’éléphant
dans les os intermaxillaires, on donnoit alors trop peu d’attention
aux caractères anatomiques, pour imaginer de douter que le dugong
ne dût avoir de grands rapports avec le morse, et c’est sous le genre
de ce dernier qu’on le rangeoit il y a encore bien peu d’années (a).
Camper (3) ayant insisté sur cette différence de position des défenses,
et donné une assez bonne figure du dugong, ayant aussi
rappelé celle qui avoit paru depuis long-temps dans l’ouvrage publié
par Renard (4) , on put voir enfin que le dugong est bipède comme
le lamantin ; qu’il a de même les pieds de devant presque en forme
de nageoires, et les mammelles sous la poitrine ; que la forme de son
corps est celle d’un poisson; qu’il se termine par une nageoire horizontale
et en forme de croissant, dans les branches de laquelle il n’y 1 2 3 4
(1) Faun. Groëril., p. 6.
(2) Gmelin et Shaw, ubi supra.
(3) Dans ses OEuvres, trad. fr. , t. I I , p. 479 > et P^-'SmÀ % • , 3 et 4-
(4) Poissons des Moluques, Ire. part. , pi. 34, n®. 180.
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