solide. Son astragale, e, fig. 20, paroit même ressembler beaucoup à
celui de l’éléphant, par sa forme déprimée et sa poulie presque plane.
Le mégathérium ayant un large astragale, articulé avec un tibia
également large, et assuré encore par la position latérale du péroné,
avoit beaucoup plus d’à-plomb que les paresseux, et devoit ressembler
en ce point aux grands quadrupèdes.
La proéminence postérieure du calcanéum, a, fig. 20, est grosse,
pointue et assez longue.
Le scaphoïde du tarse, b, est en partie convexe du côté de l’astragale,
comme dans les paresseux et les fourmiliers.
Au-dessous de lui est un cunéiforme, d, à peu près de même largeur
pour le grand doigt du pied.
11 y a de plus au côté externe un cuboïde, e , qui n’a rien de particulier,
et au côté interne un os, f , qui,' s’il étoit seul, comme on
peut le croire d’après les figures, doit représenter à la fois les deux
autres cunéiformes et les deux premiers doigts dans leur totalité;
mais M. Pander soupçonne qu’il pourroit y avoir à cet endroit
quelques petits os de perdus.
Quant aux doigts, il n’y en a que trois de développés';-comme
dans les paresseux; mais ce ne sont pas les trois mêmes. Dans les
paresseux il y a le deuxième, le troisième et le quatrième, et tous
les trois à peu près également complets. Ici ce sont le troisième,
le quatrième et le cinquième, et le troisième seul avoit un ongle,
lequel, à en juger par sa phalange, g , étoit tout aussi développé que
ceux du pied de devant. L ’os du métatarse de ce doigt, h , est excessivement
court, autant à peu près que les premières phalanges de la
main.
Quant aux deux autres doigts ils ont des métatarsiens moins raccourcis;
mais leurs phalanges, au nombre de deux seulement, sont
très-courtes, et ils né portent point d’onguéaux.
Ainsi le pied de derrière du mégathérium ne devoit avoir qu’un
seul ongle, ou plutôt qu’une seule griffe, car cet ongle unique
devoit être aussi fort et aussi pointu que le plus grand des trois du
pied de devant.
Et cependant, malgré tout ce qu’il y a d’hétéroclite, c’est encore,
comme on voit, du pied de derrière des paresseux qu’il se rapproche
le plus, et il porte dans toute sa structure des caractères ineffaçables
de la famille des édentés.
A rticle IV .
Résumé.
L ’inspection d’un squelette aussi complet et aussi heureusement
conservé nous permet de former des conjectures assez plausibles sur
la nature de l’animal auquel il a appartenu.
Ses dents prouvent qu’il vivoit de végétaux, et ses pieds de
devant, robustes et armés d’ongles tranchans, nous font croire que
c’étoit principalement leurs racines qu’il attaquoit.
Sa grandeur et ses griffes dévoient lui fournir assez de moyens
de défense, Il n’étoit pas prompt à la. course, mais cela ne lui étoit
pas nécessaire, n’ayant besoin ni de poursuivre ni de fuir.
Il seroit donc bien difficile de trouver dans son organisation même
les causes de sa destruction; cependant, s’il existoit encore, où
seroit-il ? où auroit-il pu échapper à toutes les recherches des chasr
seurs et des naturalistes ?
Ses analogies le rapprochent des divers genres de la famille des
édentés. Il a la tête et l’épaule d’un paresseux, et ses jambes et ses
pieds offrent un singulier mélange de caractères propres aux fourmiliers
et aux tatous.
Je ne m’arrêterai point à la comparaison du mégathérium avec
le genre des chats. J’ai fait cette comparaison pour Iem éga lonyx,
parce que, comme on n’a trouvé que des portions de son bras et de
sa main, les personnes peu au fait de l’anatomie comparée ont pu
avoir des doutes qu’il étoit juste de dissiper; mais j ose dire qu aucun
naturaliste raisonnable n’ en peut conserver par rapport au mégathérium
dont on a tout le squelette, et dont la tête seule est faite
pour porter la conviction dans tous les esprits.