P a lla s a bien représenté son crâne (1), et M. Scoresby vient de
nous donner une bonne figure de tout l’animal (2), d’après un individu
de treize pieds de long échoué dans le Forth en juin 18J5. On
en avôit déjà de passables dans Martens (3) et dans Egède (4), niais
la convexité de la tête n’y est pas suffisamment rendue.
Elle est en effet aussi: courte et aussi convexe qu’au globiceps; du
reste elle est petite à proportion, le milieu du tronc est assez grosj
les nageoires pectorales'sont courtes et ovales; la caudale est légèrement
échanerée et aiguisée èn pointe de chaque côté. Les dents
sont dans les sujets d’âge moyen, qui les ont toutes, au nombre de
neuf partout, vingt-huit en totalité, droites, légèrement comprimées
en coin, et à pointe obtuse.
Comme le béluga perd,aussi très-vite ses dents supérieures, Anderson
l’a rangé a la suite des cachalots, et il n’en a pas fallu davantage
pour que Brisson le reproduisît sous ce genre et fût imité par
ses successeurs ; mais les synonymes de M arten s, de Zorgdrager et
A’E g èd e, que l’on cite sous le physeter albicans ou cachalot blanchâtre
, se rapportent absolument au même cétacé que c,eux d’Ai>
derson et de Crantz, cités sous delphinus leucas, .
La mer des Indes et les mers Australes produisent un dëlphinap-
tère, dont le capitaine Houssard, officier de marine très-instruit,
nous avoit apporté une tète l’année dernière, et dont nous venons
de recevoir la peau par M. Dussumier, jeune négociant'et armateur
de Bordeaux, qui a déjà fait plusieurs voyages aux Indes et à la
Chine, pendant lesquels il a recueilli beaucoup d’objets précieux
d’histoire naturelle.
Ce cétacé a le museau obtus,, mais.déprimé au bout et sur les
bords, ce qui lui fait une sorte de commencement de bec; ses pec-
(1) Voyage en Russie, e tc ., trad. f r . , pl. LX IX .
(2) Account o f the arctic Regions, I I , pl. X IV .
{3)' Trad. fr. dans les Voyages au N ord, t. I I , p. 123.
(4) Descr. du Groënl., p. 56, fig. 2.
lorales sont taillées en faux comme dans le dauphin commun et le
marsouin. Sa caudale est grande, pointue aux deux bouts et échanerée
au milieu. Le dessus de son corps est d un noir bleuâtre fonce. Le
dessus de son museau, tout le dessous de son corps et ses pectorales
sont d’un blanc éclatant, excepté le bord tranchant des pectorales,
qui est noir comme le dos; Partout le noir et le blanc sont nettement
séparés l’un de l’autre.
La tête osseuse est,assez semblable à celle du dauphin vulgaire,
et encore plus à oelle du dubius; mais elle a le museau un peu plus
plat et plus large, et porte partout trente-huit,ou quarante dents,
aussi grêles et aussi pointues qu’à ces deux espèces.
Notre individu est long de cinq pieds et demi.
Nous ne doutons point que. ce ne soit l’animal indiqué par Péron
dans une de ses lettres, et d’après lequel M. de Lacépède (Cétacés,
p. 3 i6 ) a établi son espèce du delphinus Peronii.
Péron le rappelle sous le nom de delphinus leucoramphus (à
museau lia n e ) dans l’histoire de son Voyage, t. I , p. 2 17 , mais
n ajoute à son sujet aucune particularité, et ne dit pas même s’il a
ou n’a pas une dorsale.
Je ne m’étonnerois pas que le dauphin vu par Commerson près
du cap Horn, à corps blanc, à extrémités noires, et dont il n’est
pas dit non plus qu’il ait eu une dorsale, fût une variété de notre
delphinaptère ; et il y a grande apparence que les dauphins blancs,
vus de loin par Osbeck dans la mer de la Chine (1), n’étoient pas
autre chose.
Je ne pourrai, jusqu’à des preuves ultérieures, joindre au catalogue
des dauphins sans dorsales la senedette de Rondelet, p. 485.
Tout ce qu’il en dit me paroît se rapporter au cachalot, et ses
figures de cétacés sont en général tellement controuvées à plaisir,
qu’il me paroît impossible d’établir une espèce sur celle qu’il donne
de sa senedette. 1
(1) Osbeck, Voy. à la Chine en 1951 , trad, allem., p: 337-
t . y .