Autant et souvent plus long que la baleine franche, cet animal
seroit beaucoup plus mince, auroit lé museau plus pointu, et porte*
roit sur le dos une nageoire verticale qui lui a valu son nom, et qui
l’a fait aussi appeler baleine à bosse et gibbar (1), attendu que cette
nageoire vue de loin fait l’effet d’une bosse; mais tous ces caractères
sont aussi attribués aux grands rorquals, et le seul qui distingueroit
le gibbar, c’est que Martens n’a point parlé des plis de sa gorge.
Egède ne donne pour finfisch qu’une mauvaise figure de rorqual,
et Anderson qu’une figure de baleine un peu mince à laquelle on a
ajouté une nageoire.
Pierre Camper, dans son Anatomie des Cétacés, donne, la tête
d’un squelette de prétendu gzMar ou fin fisch , qui étoit conservé de
son temps dans l’hôtel-de-ville de Brême, et que l’on a transporté
depukr.au Muséum de la même ville; mais on y conserve,1 aussila
peinture de l’animal qui étoit échoué dans le Weser en 1699, et
M. A lb e r s, qui vient de donner dans ses Icônes ad A n at. comp.
ill. une figure de ce squelette, nous apprend que cette peinture ne
représente autre chose qu’une baleine à gorge plissée, un rorqual ,
et la rapporte1 au balæna boops; la tête en effet est bien certaine^
ment de ce dernier sous-genre, du sous-genre des rorquals, comme
nous le'verrons.
Lemom même de ju b a rte, que l’on a donné à une de ces baleines
cannelées ou rorquals, ne paroît être qu’une corruption de celui
dé-gibbar. C’est dans un livre anglais (2) qu’on en trouve la première
trace, et une, corruption encore plus étrange a produit le
nom de poisson de Ju p iter, qui est usité par quelques pêcheurs
du j\ord.
s'iLe nom de rorqual, qui leur est encore plus particulièrement attribué,
signifie en norvégien baleine à, tuya ux, baleine à sillon s,
qui nous apprend , dePiscibus* p. 482, qae je s Saintongeois pommen-t
gibbar une baleine grande et mince munie d’une nageoire dorsale j mais la figure, qu’il en
donHei 2ê^srmonstTueüse q'ü’elle l î ,Wfmt 'pû Ta faire reconrî oïl ré.' Elle porté d es" barbillons
comme un silure. ,5^ “fL A-atv JaiW.5
(2) Trans. p h il., n®. I , p. 12.
et indique les cannelures ou les plis-.qur sillonnent la gorge et une
partie du ventre de cé sousrgenre de baleines. .
Les nomenclateurs en admettent trois,espèces dans le Nord, et y
paroissent autorisés par les indications de quelques voyageurs ; mais
quand on vient à examiner les figures et les descriptions sur,lesquelles
cesespèces reposent, on ne trouve aucun moyen d’en tirer des caractères
distinctifs. Tous ces animaux ont la tête aplatie horizontalement,
son squelette autrement fait que dans les baleines proprement dites,
la mâchoire inférieure un peu plus longue que 1 autre, la peau de la
poitrine et de la gorge sillonnée d un grand nombre de.plis-longitu-
dinaux et susceptible de dilatation ; les fanons courts , durs et s’effilant
en soies grosses et cassantes ;,une nageoire à l’arrière du corps, courte
et épaisse, et ressemblant à une bosse. Quand, on vient aussi à examiner
en détail les témoignages sur ces. prétendues trois espèces, on
ne trouve personne qui en ait vu plus d une, .je ne dis pas ensemble,
mais même successivement , et chaque auteur est toujours obligé de
s’en rapporter à des témoignages.étrangers. Ainsi Liunæus, qui en
nomme deux, boops et musculus, met à musculus le signe qu’il ne
l ’a pas vu. Otton Fabricius, qui place dans son livre les deux mêmes
noms et qui décrit fort bien celle qu’il appelle boops, ne parle que
sur ouï-dire de celle qu’il nomme musculus, et semble même croire
que c ’est le nordcaper. Sa rostra la, qu’il ne différencie que par
son extrême petitesse , pourroit n’être que le jeune de son boops.
A sçanius, qui en représente très-bien une ( i), se demande si c’est le
musculus, mais sans dire pourquoi ce ne pourroit pas être le boops.
La même observation s’applique k M. Scoresby; il parle de trois
espèces, mais il n’en a vu et n’en représente qu’une, et il avoue que
les figures données par les naturalistes ^embarrassent plus quelles
ne servent pour une distinction (2).
Quant à la troisième espèce ou la baleine à tête de brochet, pike
headed whale de Pennant, nommée par quelques écrivains français
(1) Fig. d ’H isl. nat., fasc. IV , pî. 26.
(2) Scoresby, loc. c i t . , p. 485.