d’excuse, depuis que .Camper (i) avait ;fait connaître le dugong
entier, qu’il avait donné les moyens de le trouver dans les écrivains
plus anciens qui l’avoient décrit ou figuré .sans qu’on y eut fait attention,
et qu’il avoit montré son extrême ressemblance avec le
lamantin.
M. de Lacépède .est, je crois, le seul naturaliste qui ait fait trois
genres différons du m orse, du dugong mi Awlarnantin. On verra
que le résultat de mes .recherches tend :à adopter ces trois genres, à
y en ajouter un quatrième, ranimai de S te lle r , à rapprocher le
morse des p hoques, et Iesitrois autres des .cétacés.
Le dugong et le lamantin ont tant de rapports entre eux, qu’ils
ont été désignés par le même nom dç. vache ou de boe uf m arin, et
que plusieurs navigateurs, observant le dugong dans la mer des
Indes, l’ont confondu avec le lamantin des A n tille s if) , en quoi
ils ont été suivis par un aussi savant naturaliste qu’A r ted i (3).
S te lle r ( f) , quia décrit un troisième genre distinct àadugong et
du lamantin > l’a encore tellement confondu avec celui-ci, que
Gmelin s’est cru autorisé à regarder cet animal de S teller comme
une simple variété du lamantin, quoique Schreber eût déjà averti
du contraire (5).
H n’y a cependant nulle apparenoe que la même espèce puisse
vivre aux Antilles et au Kamschatka ; il n’y en a même auoune que
dans ce genre une même espèce ■ puisse avoir 'traversé de grands espaces
de mer, et se trouve à la ‘fois sur les côtes de l’ancien et du
nouveau mpnde.
(1) Opuscules, édit, allem., t. I I I , p. 20 ; édit, fran c., t. I I , \i-4lS-
(2) Dampier, Voyage autour du Monde , 1 .1, trad. f r ., p. 46 ; (Gurpilla, Hist.de l’Orenoque
, trad. f r . , t. I , p. 49» pl* d e là p. 3o4 ; L a Condprriine, Voyage à'la rivière des.
Amazones, p. i 54 » décrivent le vrai lamantin. Mais Léguât , t . I , q>. , décrit et représente
manifestement le dugong sous le nom de lamantin ; et c-’est-sans doute aussi le dugong
qui a fait dire à Dampier, loc. c i t ., qu’il y a des lamantins à Mindanao et k lai ffowelle-
Hollande. ,
(3) Gener. P is c ., p. 80.
(4) Novi Comment. Petropol., t. I I , p. 29^.
(5) Sceuge-Thiere, t. I I , p. 277;
En effet, les noms de boe uf, de vache et de veau marin, ont été
donnés aux dugongs et aux lamantins, principalement parce qu’ils
paissent l’herbe comme les ruminans. Leur estomac multiplié aura
peut-être aussi contribué à ces dénominations ; mais la figure de leur
tête, que quelques voyageurs allèguent, doit y etre pour fort peu
de chose , car sa ressemblance: avec celle d un boeuf est au moins
équivoque.
La forme de leurs dents n’est réellement appropriée qu’au régime
végétal,. et les mâchelières du lamantin ressemblent meme, a s y
méprendre, à celles du tapir.
Or il résulte de là, que ces animaux ne peuvent guère s’éloigner
des rivages, et l’onrâpporte aussi que le lamantin ne va point a la
haute mer, qu’il remonte plutôt les fleuves, et qu il peut très-bien
vivre dans des lacs d’eau douce. :
L e msm àe: lamantin, que quelques-uns ont voulu dériver des
cris que cet animal faisoit entendre, n’est qu’une corruption de celui
de manati ou de manatë,• les nègres, et d’après eux les colons, ont
dit long-temps la manate, la m anati, d’où ils en sont aisément
venus:à‘dire lamantin et le lamantin'.
Quant'au nom de manati lui-même, on n’est pas d accord sur
son origine. Hemandès le tire d e là langue de Ilü itv ,* L a Conda-
mine dè celle dès Galibis et des Caraïbes (i) ; tandis que la plupart
des auteurs assurent qu’ib a été imaginé par les Espagnols pour exprimer
que les pieds- dè devant de cet animal ressemblent à des
mains, ou plutôt qu’il n’a que des pieds de devant seulement, attendu
que le mot de mono, en espagnol, signifie également la main et
l’extrémité antérieure toute entière.
On peut adopter cette étymologie dans le premier sens comme
dans le second : car le lamantin et le dugong se servent, avec beaucoup
d’adresse et de force, de leurs pieds pour s accrocher a la terre
et pour porter leurs petits; et l’on y distingue aisément, au travers
des membranes, cinq doigts, dont quatre sont termines comme les
(1) Apud Bußen, Hist. n a t ., X I I I , p. 338.