est dirigé en sens contraire, c’est-à-dire en haut dans la mâchoire supérieure;
en bas dans l’inférieure. Le Supérieur n’est point dans l’inter-
maxillaire comme ceux des incisives ordinaires, mais dans le maxillaire.
Les molaires subissent, quant à leur détrition, les mêmes lois que
dans les autres animaux. Celles des espèces destinées à vivre uniquement
de végétaux ont leur fût divisé profondément en collines minces,
et qui donnent bientôt à la couronne une surface plate traversée par
des lignes ou des anneaux d’émail. Les espèces qui vivent de substances
moins dures ou moins propres à User les dents ont leur fût moins
profondément divisé ; leurs collines ne sont pendant long-temps que
des tubercules mousses.
Dans les premiers les dents croissènt pendant très-long-temps à la
base à mesure qu’elles s’usent de la couronne; elles ne se divisent
que fort tard en racines, et même il y a des espèces où cette division
paroît nejamais arriver; dans les autres les dents cessent de s’allonger
dès que l’animal est adulte, et prennent des racinesde très-bonne heure.
Les intestins des premiers sont en général plus volumineux ; ils ont
un très-grand cæcum ; les seconds l’ont médiocre ou en sont tout-à-
fait privés -(comme les loirs).
Il y a même une distinction à faire : parmi les molaires de rongeurs
herbivores, dont le.fût est le plus profondément divisé par l’émail et
paroit né jamais prendre de racines, il y en a, comme celles des câblais
, qui ont, comme l’éléphant , une troisième substance ou cément
en dehors de leur émail ; la plupart des autres n’ont, comme à l’ordinaire,
que la substance osseuse intérieure, ou ivoire, et l’émail.
Ce que l’on connoît moins ce sont les lois et les époques de leur
succession ; car les rongeurs , comme les autres quadrupèdes vivipares,
ont des dents de lait et des dents permanentes; et celles-ci
sont ou des dents de remplacement ou des dents qui n’ont été précédées
d’aucune autre ; mais il paroît que, dans le plus grand nombre des
espèces, les dents de lait tombent si vite que l'on a peine à les observer.
J’en ai suivi la succession dans les lapins.
Dans les incisives je n’y ai vu changer après la naissance que les
supérieures postérieures; celles de lait demeurent quelque temps en
place avec cèlles qui leur succèdent, et pendant ce temps-là les lapins
paroissent avoir six incisives en haut au lieu de quatre qui est leur
véritable nombre.
Je ne crois pas cependant que mes observations sur ces incisives
Soient complètes, et peut-être qu’en les suivant de plus près on découvrira
des changemens plus considérables queceux que j’ai aperçus.
Quant aux molaires il est certain qu’il y en a trois en haut (sur six)
et deux en bas (sur cinq) qui changent, c’est-à-dire dont la place
est d’abord occupée par des dents de lait, et ensuite par des dents
de remplacement, qui viennent dans la même direction verticale.
Les trois postérieures de chaque côté, tant en haut qu’en bas, sont
des arrière-molaires qui ne viennent qu’une fois; ainsi, à l’égard des
mâchelières, les lapins offrent à peu près les mêmes phénomènes que
les ehevaux ou les ruminans. La composition et le dessin des couronnes
étant les mêmes dans tes. arrière-molaires que dans celles de
remplacement, il n’y a pas de différence non plus entre celles-ci et
les molaires de lait.
J’ai lieu de croire, que dans les espèces qui n’ont que quatre molaires
de chaque côté, il n’y en a qu’une seule, l’antérieure, qui
change : du moins je me suis assuré qu’il en est ainsi dans le castor,
dans le porc-épic, dans Xagouti, dans le p a ca , dans le cochon
d’In d e,• mais pour saisir dans ce dernier l’instant où cette dent de
remplacement est encore fraîche et non usée, il faut le prendre très-
jeune, et ce qui est encore plus singulier, pour voir la dent de lait en
place , il faut l’observer quelques jours avant la naissance. Je puis assurer,
pour l’avoir vu, que cette dent tombe dans le cochon d’Inde
pendant qu’il est encore dans le ventre de sa mère, et d’après l’analogie
je soupçonne qu’il en est de même dans tous les rongeurs pour
leurs incisives. Ce ne seroient donc plus des dents de lait mais des
dents d’utérus.
La dent de remplacement ressemble à la dent de lait par le dessin
de sa couronne.
D après cette permanence des trois dernières molaires, dans les
genres qui en ont plus de trois, je ne m’étonnerois pas beaucoup si