Dans le même volume des Transact, de Philadelphie, n°. LX.XVI,
on trouve une description de ces os, accompagnée de figures très-
exactes, parle docteur PVistar, professeur d’anatomie à l’Universite
de Pensylvanie. Cet homme habile ne manqua point de s’apercevoir
qu’il devoit exister quelque analogie entre ce pied fossile et ceux des
paresseux, tels, qu’il les connoissoit seulement d’après la description
de Daubenton (i).:
Il est en effet très-facile, surtout d’après les descriptions que nous
avons données dans nos pi'écédens chapitres des squelettes des paresseux
, des fourmiliers et des tatous., de reconnoître
i°. Que les animaux dont proviennent cesi asj.fossiles n’étoient
point du'genre des félis , ni même de la famille des. carnassiers ; I
2°. Qu’ils âvoient en grand toutes les formes, tous les détails d’organisation
que les paresseux offrent en petit, et que les effets de ces
organisations, dévoient être semblables^
3o. Que s’ils s’eu écartent en quelques points ce n’est que pour se
rapprocher des genres d’ailleurs les plus voisins, ceux des fourmiliers
et de certains tatous ,•
4°. Que le rapprochement de ces animaux fossiles.et des paresseux,
et leur classification dans la famille des édentés en ,général, me
sont pas. arbitraires ni fondés sur des caractères artificiels, mais qu’ils
sont le résultat nécessaire de l’identité intime.de nature des.uns et-
desautres.,: I
Il est de mon devoir de témoigner ici ma reconnoissance de deux
puissans secours qui m’ont mis à même de faire cet examen approfondi^
des os du.mégalonyx.
Je dois le premier à M. Peale, si célèbre par le beau Muséum qu’il
a formé à Philadelphie. Il a bien voulu m’adresser des plâtres moulés
avec le plus grand soin sur les os indiqués parM. Jefferson, et m’a
donné par là la faculté de les décrire tous de nouveau, et d’en donner
des figures faites sous des points de. vue un peu différens de celles
de M. Wistar.
(s) Wistar■ / loc. oit. ,$.'53 9.
L’autre m’a été fourni par feu M. Palisot de Beaiwois, membre de
l’Académie des Sciences, savant botaniste et voyageur courageux, qui
abravé les climatsles plus terriblespour augmenter nos Gonnoissances
dans les deux règnes organisés; Il s’étoit procuré, pendant le séjour
qu’il fit à Philadelphie, à la suite des premières révolutions de Saint-
Domingue, deux morceaux trouvés dans la même caverne que ceux
de M. Jefferson; l’un des deux, qui est une dent, étoit surtout important,
parce qu’il achevoit de faire connoître la nature de l’animal,
déjà si bien annoncée par ses pieds. M. de Beauvois a bien voulu me
permettre de dessiner ces deux pièces, et de les employer à compléter
mon travail autant qu’il peut l’être.
Entrons maintenant en matière; et, pour cet effet; examinons
d’abord les quatre os représentés de suite, fig. 1, 2 , 3, 4- Us s’articulent
bien l’un avec l’autre, et forment les quatre parties d’un doigt;
M. Jefferson et M. Wistar les ont rapprochés comme nous.
Si nous prenons la dernière phalange ou l’os onguéal, fig. 1,
nous ne pourrons méconnoitre ses ressemblances avec l’os analogue
d’un paresseux ou d’un fourmilier, et ses différences de celui d’un
lion ou d’un tigre.
i°. La face articulaire a dans son milieu une arête bien marquée,
qui en resserre fortement le gynglyme avec la phalange moyenne.
Cela est ainsi dans les paresseux, dans les fourmiliers et dans les
cabossons, dont les doigts sont toujours plus ou moins gênés; Dans
les chats qui ont toutes les articulations de leurs doigts plus libres,
cette arête est presque effacée.
20. La partie supérieure de cette facette se prolonge plus en arrière
que l’inférieure; d’où il résulte que cette dernière phalange ne peut
s’étendre sur l’avant-dernière au-delà de la ligne droite, ni par conséquent
se redresser et porter sa pointe vers le ciel, mais quelle peut
se fléchir tout-à-fait en dessous.
C’est là un caractère particulier aux paresseux, auxfourmiliers,
qui tiennent leurs ongles dans ce dernier état, et en posent la Convexité
à terre en marchant lorsqu’ils ne s’en servent pas. Les doigts externes
des cabassous partagent cette conformation. C’est tout le con