ig 4 PANGOLIN
de sa partie supérieure, ce qui empêche la phalange de se redresser
comme dans les chats, mais l’oblige de se ployer en dessous comme
dans les édentés.
Ainsi c’est nécessairement un onguéal d’édenté.
A ces deux caractères s’en joignent aussitôt deux autres, qui déterminent
tout aussi nécessairement le genre.
i°. Les fourmiliers ont à leurs phalanges onguéales un sillon qui
indique une disposition à la bifurcation; mais les seuls pangolins ont
cette bifurcation prononcée, et s’enfonçant verticalement dans toute
la hauteur de l’os et jusqu’au milieu de sa longueur.
M. Duméril a fait connoître', il y a plusieurs années, ce caractère
de leurs onguéaux, et en a donné une figure (Bulletin philomatique
de floréal, an ¥ 11) (i). Nous avons rappelé ce même caractère ci-
dessuS", page’ io 5 , dans notre description des pangolins;
Notre os fossile a cette bifurcation encoimplus marquée ; bien que
l’une dés branches de sa fourche soit rompue près de sa racine, on
voit le fond entier de la fissure qui les séparoit,, et l’on peut juger
quelle prenoit plus de moitié de la longueur de l’os.
2°. Les onguéaux des pangolins manquent de ces gaines osseuse?
qui, dans les paresseux | et en partie dans les fourmiliers et les tatous,
montent sur les côtés de la base et enveloppent la racine de l’ongle.
Les plus grands de ces onguéaux ont seulement un léger élargissement
sous leur base, qui forme de chaque cote un petit rebord longitudinal.
Notre os fossile est dans le même cas; on n’y-voit aucune
gaine osseuse.
Ainsi cet onguéal n’a d’analogues dans la nature que ceux des pan-
golins, et d’après toutes les lois de coexistence, il est.impossible de
douter que lés rapports les plus marqués de l’animal qui le portoit
n’aient été avec ce genre de quadrupèdes.
Mais quelle ne devoit pas être sa taille ! ce n’étoit pas même un
de -ses onguéaux les plus grands, car il n a point ces légers rebords
(i) Je ne sais par quelle erreur cette figure {Bulht. p h il., n”. 26, ,t. I l , pl. I I ) porte le
nom S unau. C’est une phalange de pangolin ; l’unau, non plus que l’ai", n’a point ses on-
guéaux fourchus.
GIGANTESQUE. 195
des grands onguéaux des pangolins; le dessous de sa base est seulement
un peu rugueux et un peu renflé; les trous par lesquels arrivent
les gros vaisseaux ne sont pas percés en dessous, mais vers le bas et
l’arrière de chaque face latérale.
Ses fractures empêchent que l’on ne prenne directement toutes
ses dimensions; mais
Sa hauteur verticale au-dessus de sa bifurcation est de 0,07
Sa plus grande épaisseur transversale en arrière d e ----- o,o4
L ’épaisseur transversale d’une de ses branches d e ............ 0,02
D’après la courbure des parties entières on peut conjecturer que
sa longueur totale, depuis le sommet de la face postérieure jusqu’à
la pointe d’une branche , étoit de 0,13.
Pour établir une comparaison de la taille de l’animal avec celle
du pangolin, il faudroit savoir à quel pied et à quel doigt cet onguéal
appartenoit. Le plus grand onguéal d’un pangolin, celui du
médius du pied de devant, a dans 1 adulte 0,01 de hauteur, ce qui
fait le septième, et 0,028 de longueur, ce qui fait un peu plus du
cinquième ; mais si, comme on peut le croire d’après sa configuration,
cet onguéal a appartenu au second ou au quatrième doigt du pied de
derrière, la proportion sera beaucoup plus grande. L ’onguéal du
second doigt de derrière du pangolin, qui est presque entièrement
de même forme, n’est long que de 0,015, c’est-à-dire un peu plus
d’un neuvième de l’os fossile. En partant de cette donnée on peut
croire que l’animal fossile auroit eu plus de huit fois la taille du pangolin
adulte, dont le squelette m’a servi d’objet de comparaison, ce
qui, en supposant des proportions générales à peu près semblables (1),
lui donneroit une longueur totale de près de vingt-quatre pieds. 1
(1) N. B. C’est d’après le pangolin à queue courte que j’ai fait mes calculs ; en prenant
pour terme de comparaison le pliatagin de Buffon ou pangolin à longue queue , on auroiC
un résultat en longueur beaucoup plus considérable.