exposé les idéès de tant de savans hommes, de prétendre qu’il n’ÿ
a encore aujourd’hui qu’une seule espèce de cachalot qui puisse être
considérée comme vraiment connue, je veux dire le cachalot vulgaire,
l’animal du sperma-eeti?
Et cependant lorsqu’on a fait justice des mauvaises combinaisons
de synonymes et des doubles emplois, lorsqu’on a éliminé le béluga
elle gra/npus ou \e. globweps, confondus mal à proposdans ce genre,
que reste-t-il, sinon des cétacés de très-grande taille, à tête énorme,
en.grande partie remplie de sperma-oetij à dents coniques plus ou
moius arquées, plus ou moins émoussées, au nombre de quarante
à cinquante environ^ mais leqilus souvent très^tnal comptées, dont le
dos est muni d’une proéminence péu saillante, que les uns ont appelée
nageoire, les autre® àïête longitudinale et les autres bossé ou
tubercule, et que quelques autres,' comme Glusius, u’ont pas vue du
tout , parce qu’ils n’ont observé qu’un animal échoiursur le dos- et
que 1 on ne retourne pas aisément un cadavre de soixante ou soixante-
dix jiieds de long sûr vingt pieds d’épaisseur. A peine est-il sur le
rivage que la populace accourt et le dépèce ; heureux si le naturaliste
en trouve encore quelques os intacts.
Si l’on avoit pu-s’attendre à trouver des caractères -distinctifs
énoncés avec précision , c’est dansLa comparaison que fait Camper
de la tête de l’un des cachalots échoués h Audiürne en 1784 et
conservée dans notre Muséum , avec celle que Ton eonserve dans le
choeur de l'église de Schèpelirigén, village de la côte de Hollande
près de La Haye, et qui provient peut-être du cachalot de Glusius ;
mais il est sensible que ce crâne de Schevèlingen a été mutilé ; que
Ion a emporté non-seulement le jugal comme dans, le nôtre, mais
* toute i a partie; orbitaire du frontal ; qüë l’on a ©a&é également une
• partie de la crête occipital©; et que dans tout Ce; qui-reste’entier il
n’y a pas de différence.
J ai acheté à Londres, en 1818, pour notre Muséum, le squelette
presque entier d’un cachalot (le 'cinquante et. quelques pieds de
longueur, dont la tê te ressemble, à quelques différences près dans ses
proportions, à celle d’Audierrie que nous possédions depuis longtemps
; nous avions aussiquelques autres parties de ce dernier individu,
et c’est d’après ces pièces que je donnerai 1 ostéologie de cet animal.
Quant à son extérieur il paroît, d’après ce quil y a de plus authentique
dans les rapports que l’on en a, que c’est un des plus
grands cétacés; qu’il atteint soixante-dix à quatre-vingts pieds de
longueur; que satète est très-grande, très-grosse, et que Ion na
pas beaucoup exagéré sa longueur en disant quelle fait le tiers du
total ; que son museau est très - obtus e t comme tronqué; que son
étroite mâchoire inférieure est reçue entre les lèvres supérieures
comme dans un sillon; que, ses dents entrent, quand sa gueule est
fermée, dans des trous des bords du palaë;{ quelques-uns pensent
même qu’il y a dans ou entre ees trous d’autres petites dents qui ne
restent pas dans le squelette) ; que sonévent est sur i’extrémité de son
museau; que ses pectorales sont petites et obtuses; qu’il a une dorsale
très-peu saillante vers l’arrière du dos, quelquefois réduite à
une protubérance, ou à deux ou trois; que sa caudale, fort large,
est échanerée au milieu et pointue de chaque côté ; que ses yeux
sont non-seulement fort petits, mais inégaux, et même qu’il ne voit
pas de l’oeil gauche; que sa couleur est en dessus d’un gris plus ou
moins noirâtre et quelquefois verdâtre, et en dessous blanchâtre ainsi
qu’autour des yeux; que l’immense concavité du dessus de son crâne,
recouverte par une voûte simplement cartilagineuse ou tendineuse,
est divisée intérieurement en concamérations également tendineuses
communiquant les unes avec les autres, et en cellules remplies d une
huile qui est fluide tant que l’animal est chaud, et qui, en se refroidissant,
prend la forme concrète sous laquelle on l’emploie. C est cette
huile à laquelle on donne le nom assez ridicule de sperma-eeti, et que
plus ridiculement encore on a regardée pendant long-temps comme
la cervelle de l’animal ; mais la véritable cervelle n occupe dans 1 intérieur
du crâne qu’un fort petit espace. Cette substance du sperma-
ceti est répandue aussi le longdudoS et dans plusieurs parties du corps
d’une manière qui n’est pas encore clairement expliquée. C est dans
les intestins de la mêjne esp,èce que l’on trouve l’ambre gris, mais on
n’a point encore bien fait connoitra dans quelle partie du corps il se 43*