Dans la même année 1796, feu M. Abildgaard, professeur à
Copenhaguè, donna de son côté en danois une notice de ce squelette,
sans avoir connu la mienne et d’après ce qu’il avoit vu lui—
même à Madrid, en décembre 1793. Il l’accompagna d’une figure de
la tête et d’une autre de l’extrémité postérieure, dessinées tontes
deux de mémoiré, et d’ayant qu’ une ressèmblance grossière avec les
objets originaux,
C’est aussi avec la famille des édéntés ou des bruta de Linnoeus,
que M. Abildgaard cherche à comparer cet animal; et il est en effet
impossible à un naturaliste de lui trouver des rapports avec d’autres.1
Les détails dans lesquels nous allons entrer vont montrer que l’on'
pourroit à la rigueur l’appeler le paresseux géant, tant il ressemble
aux animaux de ce genre parles formes et les proportions de toutes
ses parties, et que lorsqu’il s’écarte en quèlques points des formes
propres aux paresseux, ce n’est que pour se rapprocher des genres
les plus voiÆns, tels que 1 es fourmiliers et les tatous. Ainsi tout ce
qu’on a pu dire* Contre ce rapprochement se trouve réfuté par le fait.
J’ai déjà rapporté dans mon article sur le mégalonyx les argu-
mens de M. Fàhjâs. TJn anonyme espagnol, dans une critique sanglante
de l’ouvrage de M. Garriga, insérée dans le Journal de Madrid,
en a fait dans le même sens d’à peu près aussi puiss'ans. Il
dorme comme une forte objection contre la place que j’assigne à
cette espèce, « que tous les autres édentés pourvoient danser dans
» sa carbasse. »
M. Lichtenstein, professeur à Helmslædt, dans un morceau d’ailleurs
fort obligeant pour moi, inséré dans l’écrit de M. Sehmeisser
sur l’état des sciences en France, t. I I , p. gS, suppose que ce squelette
pourroit avoir été compo'sé avec des ossemens appartenant à
des individus de grandeur différente, que par conséquent tous mes
rais’onnemens sont incertains ; que lès'véritables, proportions de l’animal
ont pu être beaucoup plus semblables à celles de l’éléphant
qu’elles ne le paroissent dans ce squelette. Il en conclut que-l’on
doit plutôt regarder cét animal comme une cinquième espèce d’élé—
quant propre à l’Amérique méridionale. Mais comme chaque os,
considéré à part et indépendamment deses proportions avec les autres,
porte des caractères qui le rapprochent de l’os analogue des
paresseux ou des autres édentés et qui l’éloignent de ceux de l’éléphant,
cette objection tombe d’elle-même.
Depuis ma première édition, un savant anatomiste livonien ,
M. Pander, et un habile artiste allemand, M- d’A lto n , ayant fait
un voyage en Espagne, en 1818, y ont observé le mégathérium avec
l’instruction préalable pour le bien juger et le bien décrire, et en
ont fait paroître à Bonn, en 1821 (1), une description faite Æaprès:
nature, et des planches plus exactes que celles de Bru. Ils lui ont
donné le nom de paresseux géant que j’avois indiqué, mais que je;
nîayiois pas cru devoir adopter, et que je n’adopte point encore, attendu
qu’avec les.caractères qui le rapprochent des paresseux, le
mégathérium en,offre aussi qui l’en éloignent beaucoup, tels que la
proportion deses extrémités et la composition de ses mains.
,,- Wous profiterons de ,çe travail de MM. d’Alton et Pander pour
perfectionner notre description, qui n’avoit été tracée d’abord que
surmelle de Garriga, sur les planches de Bru et sur quelques dessins
envoyés de Madrid par un artiste nommé Ximenès. Nous avons
même fait substituer , pl. X V I , à nos anciennes planches des copies
réduites de celles de M, d’Alton.
A rticle premier.
De la tété.
Le premier coup d’oeil jeté sur la tête du mégathérium, pl. X V I ,
fig. 2 , 3 et 4) fait saisir les rapports les plus marqués avec celles des
paresseux, et particulièrement avec celle de l’aï. Le trait le plus
frappant de,ressemblance est la longue apophyse descendante,«!, plaDas
Riesen JFaulthier ( bradjpus giganteus)^ von D r. P ander und D r. d’A lton,
Bonn. 1821 -, in-fol. transy.
T. V. 23