En attendant que ceux qui les auront à leur disposition remplissent
ce devoir, je vais m’en acquitter à l’égard des échantillons
que j’ai sous les yeux. Mes données serviront au moins de première
base à une énumération plus précise.
Le cabinet du Roi possède depuis très-long-temps une petite otarie
noire, qui a été décrite et représentée dans le XIIIe. vol. de l’Hist.
Nat., pl. LU I, sous le nom de petit phoque, et qui est devenue le
phoca p u silla des nomenclateurs.
Daubenton dit (p. 413) qu’elle venoit des Indes; mais comme il
n’y a point de phoques aux Indes ( i ) , on doit plutôt croire qu’un
navigateur qui venoit de ce pays l’avoit pris sur quelque autre point
de sa route, peut-être au Cap , dont les jeunes otaries sont noires
au rapport de Pagès. On ne comprend pas comment Buffon a pu
dire (p. 34o) que e’étoit le phoque de la Méditerranée.
Cet animal a deux pieds de long. Ses oreilles sont grandes et pointues
; son pelage est fourré, luisant, d’un brun noir très-foncé et a sa
racine blanchâtre. Le ventre seul est brun-jaunâtre.
Il offre tous les caractères génériques des otaries., et ses dents
marquent sa jeunesse; les deux tranchans des incisives supérieures,
les deux pointes des inférieures y sont encore parfaitement intactes.
Plus récemment nous avons reçu par M. Delalande une otarie du
Cap, longue de trois pieds six pouces.
Son pelage est fourré, doux, laineux à sa base. Sa pointe annelée
de gris et de noirâtre donne une teinte générale d’un gris brun rous-
sâtre. Le ventre est plus pâle et les pattes sont noirâtres. Les moustaches
sont fortes et simples, mais noires.
M. Delalande nous a apporté deux squelettes de jeune âge, et une
tête adulte de cette espèce.
Le crâne encore jeune de ces squelettes, où les crêtes ne sont pas
développées, comparé à celui d’un phoque vulgaire à peu près de
(i) Pennant, Hist. ofQ u ad r ., I I , p. 281, nie formellement, et d’après des témoignages
authentiques 7 l’existence d’aucun phoque sur les côtes des Indes orientales..
même grandeur, a ses côtés moins bombés. La région interorbitaire
est large, et les frontaux y produisent de véritables cretes surcilières.
Les os du nez admettent entre eux une pointe des frontaux, ce
qui est le . contraire du phoque. Il y a une pointe saillante à 1 angle
antérieur de l’orbite. Les intermaxillaires s’articulent largement avec
les os du nez. L ’apophyse zygomatique du temporal ne s’avance point
assez pour entrer dans la composition de l’apophyse postorbitaire
de l’arcade. Le palais est plus étroit, se porte plus en arrière, et est
échancré par un angle plus aigu. Les caisses sont beaucoup moins
saillantes.
Dans la tête adulte, pl. XVIII, fig. 5, les arcades surcilières donnent
de véritables apophyses postorbitaires assez pointues ; il sé forme une
forte crête sagittale ; la crête occipitale, également forte , échancré
le crâne; on voit une crête obtuse sous la région basilaire, et il saille
de chaque côté, à l’angle externe de l’occiput et en dehors de la
caisse, une espèce de crete mastoïdienne descendant plus qu aux
autres phoques. Dans toutes ces otaries l’espace vide où devroit
être l’os lachrymal est énorme (i)v .
Lè cabinet du Roi possède trois autres otaries, assez semblables
à celle-là, et en même temps assez différentes pour qu’on ne puisse
savoir au juste si elles sont de même espèce.
L ’une d’elles vient de Péron ( c’est la seule qu’il ait rapportée (2) ),
elle n’a que deux pieds neuf pouces de long, et est un peu plus blanchâtre
que celle du Cap.
Une autre avoit été prise par un vaisseau qui faisoit la pêche de
la baleine dans le sud, et portée à New-York, d’oùM. Milbert nous
en a envoyé la peau.
Elle est longue de trois pieds huit pouces, plus cendrée en dessus
et plus blanche en dessous que celle du Cap.
Enfin l’on en a acheté une chez M. Hauvîlle du Hâvre, qui l’avoit 1
(1) Ces descriptions sont prises de trois crânes de difîerens âges de 1 otarie, rapportée dn
Cap par M. Delalande.
(2) C’est probablement celle dont il parle sous le nom à’otarie cendrée de l’ile Decrès /.
V o r . aux Terres Australes, t. I I , p. §pÉ