ses formes ne se voient pas très-nettement, je n ai pu saisir que celles
des dents, et la dent de derrière m’a paru dans une toute autre proportion.
Elle est plus longue que les autres, tandis que dans les vrais
castors elle est plus courte. lim e semble aussi, toujours à en juger
par le dessin, que l’apophyse post-Orbitaire du frontal est placée un
peu autrement, la fosse temporale ne paraissant guère avoir été plus
longue que l’orbite. Enfin il paroîtroit par la description de M. de
Fischer que les caisses sont peu saillantes sur la face basilaire, et que
les crêtes sagittale et occipitale sont peu marquées.
Cette tète, en quelque sorte' colossale, n’est surpassée dans l’ordre
des rongeurs que par celle du cabiai. Sa longueur, depuis la crete
occipitale jusqu’à la partie la plus convexe des incisives, est de o ,i85,
et sa largeur h l’occiput de 0,08.
Notre plus grand castor du Danube a ces dimensions de o ,i S et
de 0,07.
Le genre àu moins de cet animal n’ est pas douteux, et en attendant
que l’on ait toute certitudé sur l’espèce, on peut le nommer castor
trogontherium. •
Le même savant professeur m’a communiqué plus récemment les
dessins et la description d’une autre tête trouvée près du lac de Rosr
toff, dans l’arrondissement de Jaroslawl, dont la longueur n’est que
de 0,147, et qu’il nomme trogontherium TVemeri. Celle-là est incontestablement
de castor ; elle a les mêmes'crêtes , les mêmes en-
foncemëns que celles de castor de même âge ; la dernière molaire
est la plus petite, et jusqu’aux moindres particularités de la description
fort exacte de M. de Fischer conviennent aux autres castors.
Il resterait à savoir dans quelle sorte de terrain cette seconde tête
a été trouvée.
A rticle IV.
Sur les rongeurs des couches fissiles.
Parmi ces innombrables poissons qui remplissent en divers endroits
les lames des schistes calcaires et marneux , il s’est trouvé
quoique très-rarement, des quadrupèdes vivipares qui appartiennent
à l’ordre des rongeurs.
Les plus, nombreux et les plus considérables ont été tirés des
célèbres carrières à’OEningen, dont :je. parlerai plus au long au
chapitre des Proteus trouvés dans les sch istes, et qui ont passé
long-temps pour n’offrir que des restes d’animaux du pays, quoiqu’il
s’en faille beaucoup que cette assertion ne soie exacte.
M. K a rg y qui a décrit: nouvellement ces carrières et toutes leurs
productions (n), parle de trois espèces de rongeurs qui en auroient
été extraites. L ’une d’elles est, selon lui , la souris domestiqué,
dont on lui assure qu’on avoit trouvé plusieurs, individus.; mais il
reconnoît que l’échantillon qui lui fut montré pour tel dans le cabinet
de M. Lavater, n’étoit peut-être qu’une racine de cypérus.
Une autre est le muscardin, dont il-doit y avoir un individu au
cabinet de Mersbourg; il a.cinq pouces dé long, est tout courbé
et comprimé , et ne conserve presque rien de ses membres ; je voudrais
donc qu’on eût dit comment on a pu reconnoitre que c’étoit
justement un muscardin.
Enfin la.troisième et la plus grande, déposée dans :1e cabinet de
M. Ziegler 'n JV in terthur, la seule qui ait été gravée, et sûr laquelle
nous puissions par conséquent donner nos propres conjectures, a
été regardée par M. Jean Gesner comme un cochon d ’inde, et
rapportée aux rongeurs , seulement d’une manière générale, par
M. Blumenbach ; mais M. K a rg soupçonne que ce pourrait bien
n’être qu’un putois.
Il seroit singulier que l’on eût pu regarder comme animal du pays
le cochon d’Inde qui vient d’Amérique, et qui n’en avoit sûrement
pas été encore apporté en Souabe , quand les schistes diOEningen
se sont déposés; d’un autre côté, il est assez difficile qu’on puisse
soutenir qu’un animal soit d’un pays quelconque, quand on n’est
pas encore sûr s’il est de l’ordre des rongeurs ou de celui dés carnassiers,
si c’est un putois ou un cochon d’Inde. 1
(1) Mém. de la Soc. des Nat. de Souabe, t. I, p. 2$et25.