On doutoit si peu de cette généralité , que Daubenton, qui avoit
un squelette d’a ï, négligea d’en compter les vertèbres du cou.
M. Rousseau, mon aide , fut le premier qui s’aperçut de cette
exception en montant le squelette de l’ai'rapporté par M. Richard j
mais comme celui-ci nous avoit donne les os séparés, il pouvoit s y
être glissé deux vertèbres de trop. Pour ne rien laisser de douteux à
cet égard, je fis disséquer sous mes yeux un jeune ai'conservé dans
l’esprit de vin, dont on fit le squelette.naturel avec toutes ses vertèbres
unies par leurs ligamens. Je m’empressai de consigner ce fait
nouveau dans le Rulletin des Sciences. Il se trouva ensuite que
M. Wiedemann avoit fait de son côté la même observation avant de
connoître la nôtre ; et feu Herman, professeur à Strasbourg, m'écrivit
qu’il avoit aussi remarqué depuis plusieurs années, et démontré
dans ses cours, ce nombre sur un individu d’aide son cabinet. Enfin,
le petit squelette fait par Daubenton, et que l’on n’avait plus au
cabinet d’anatomie, s’étant retrouvé dans un des magasins, on y vit
neuf vertèbres au cou, comme dans les deux que nous avions préparés.
Trois ou quatre autres que l’on a faits depuis les. ont montrés
également. Il ne reste donc aucun doute que ce ne soit un caractère
propre à toute l’espèce, et non pas une circonstance accidentelle ou
monstrueuse.
Ces deux vertèbres surnuméraires sont d’autant plusi singulières
que le cou de l’aï n’ est pas très-long, qu’il est mêmebeaucoup moins
long qu’il ne faudroit qu’il fût pour la longueur de ses pieds de devant
, si l’animal devoit paître à terre ; mais il porte tout à sa bouche
avec la main, ou bien il dévore les feuilles des branches, auxquelles
il se cramponne.
Le corps de chaque vertèbre cervicale a en dessous et en arrière
une pointe qui se porte sous le corps de la vertèbre suivante, de
manière quê l’animal ne peut point fléchir son cou vers le bas. Cela
l’aide à'soutenir sa tête, qui doit l’être foiblement par les muscles
de l’épine, et par le ligament cervical ; car toutes les apophyses épineuses
sont fort courtes.
L ’atlas n’a qu’un tubercule mousse, l’axis une apophyse carrée
inclinée en avant ; lés quatre cervicales suivantes des apophyses
pointues : toutes les autres en ont de carrées, inclinées en arrière,
qui s’effacent presque sur les lombes, et disparaissent tout-à-fait sur
le sacrum et la queue.
Les apophyses transverses du cou sont courtes, larges au bout,
qui est oblique, se baissant un peu en avant et y rentrant un peu en
dedans. ,La huitième a la sienne un peu fourchue. La neuvième l’a
prolongée en une petite pointe qui se porte en avant et en dehors.
Dans le jeune individu, cette partie n’est pas, soudée à la vertèbre :
seroit-ce un petit vestige de côte ?
Les apophyses transverses du dos sont fort courtes , et leurs facettes
pour les tubérosités des côtes regardent presque directement
en dehors. Celles des lombes ne sont guère plus longues.
Les facettes des apophyses articulaires du cou sont dans un plan
presque vertical, regardant un peu en bas-et en arrière. Il se fléchit
de plus en plus en arrière dans le dos, et y devient presque horizontal
; puis il se redresse subitement dans les lombes, mais dans un
autre sens que dans le cou. Ici c’est la vertèbre antérieure qui place
son apophyse articulaire en dedans ; aux lombes, c’est la postérieure.
Les côtes sont larges, plates et fortes ; le sternum paroît être
composé de neuf pièces distinctes.
2°. Dents.
On sait que les paresseux n’ont point d’incisives, mais des canines
et des molaires seulement aux deux mâchoires, et que par là
ils diffèrent de tous les autres animaux, au point que nous avons
cru devoir en faire un ordre à part, celui des tardigrades. Ils n’ont
qu’une canine de chaque côté, à laquelle même onpourroit contester
cette qualité dans Y a i; car elle n’y reste pas pointue, mais s’use obliquement
, la supérieure en arrière, l’inférieure des deux côtés,
parce qu’elle répond, lors de la mastication, entre la canine et la
première molaire d’en haut. Sa détrition est plus forte en arrière
H