baleine à museau p oin tu, ce n’est, selon Pennant, Sliaw, Hunter
et tous les Anglais d’après lesquels on l’a décrite, que le boops lui-
même. Il faut remarquer que Sibbald l’avoit d’abord appelée simplement
piked whale ou baleine à p iq u e, h cause de sa nageoire
dorsale, et qu’on l’a confondue avec le balcena rostrdta de quelques
autres auteurs , qui est l'hyperoodon. Cette dénomination de tète
de brochet, en tant qu’elle désigne un museau oblong et horizontalement
aplati, convient d’ailleurs également à tout le sous-genre.
On ne voit donc guère qu’une distinction que l’on puisse démêler
entre ces indications de diverses baleines à gorge plissee: celle qui
tient h la grandeur.
M. Seoresby donne au boops" quarante-six pieds, Fabricius cinquante
quatre. Le musculus deviendroit beaucoup plus grand et
sUrpasseroit la baleine franche. On en auroit, selon M. Seoresby, dé
soixante-dix et de quatre-vingts pieds, et selon Olafsen et Powehen
de bien plus grands encore (1). Enfin le rostrata demeurerait dans
des dimensions plus petites, 17, 20, a 5 pieds.
Mais qui oseroit, d’après l’observation d’individus vus isolément
à de grandes distances de temps et de lieux et par des personnes
diverses, soutenir que ces différences ne venoient pas de l’âge (2) ?
Au surplus, quand il seroit prouvé qu’il n’existe qu’un rorqual
dans la mer du N ord, il resteroit encore possible que ceux des autres
mers fussent des espèces distinctes, et nous verrons bientôt par leur
ostéologie que ceux dont on la connoît en diffèrentconsidérablement.
Si l’oft s’en rapportait aux listés de citations accumulées par les
nomendateurs, on croirait aussi qu’une multitude d’écrivains au-
roiént observé et décrit des baleines qui porteraient une ou plusieurs
bosses sur le dos au lieu de nageoire; cependant quand on remonte'
h la soUrce, On trouve que les êtreS placés dans les catalogues da-
(lY Voyage, en Islande, trad. f r . , p. 280. I
(a) M. N eill, qui a décrit dans les Mémoires de la Société wernérienne, I , 2pi , une
baleine à ventre plissé éclioùée près d’Àlloa sur les bords du Forth, p r ta g e entièrement mes
doutes sur la distinction des espèces.
nimaux sous les noms de balcena- gibbosa et de balcena nodosa ne
reposent que sur quelques lignes fort équivoques de Dudley, dans le
n°. 387 des Transactions philosophiques, d’après lesquelles il seroit
même presque impossible de soutenir que la première n’est pas un
rorqual, et aujourd’hui que l’on sait avec quelle facilité les cétacés
perdent, par divers accidens, tout ou partie de leur nageoire dorsale,
on peut croire.aisément que ces espèces, dont aucun naturaliste n a
reparlé, pourraient ne reposer que sur des altérations individuelles.
On voit à quel point les notions que nous possédons sur les diverses
baleines sont encore incomplètes et confuses. Aussi je suis bien loin
de prétendre que leurs espèces se réduisent à celles dont je viens de
donner les caractères. On a observé ces animaux avec trop de légèreté
pour croire qu’ils aient tous été décrits. Nous ne savons pas si
les baleines que les Russes et les Américains pêchent dans le nord de
la mer Pacifique sont les mêmes que celles de l’Atlantique. M. le
comte de Lacépède a rédigé, d’après des dessins faits au Japon, les
descriptions de plusieurs baleines, qui, si les dessins sont fidèles,
forment probablement des espèces distinctes des nôtres, surtout par
les taches de leur peau. On peut en voir la notice dans le t. IVe. des
Mémoires du Muséum d’Histoire naturelle, p. 47°- Tout ce que je
voudrais obtenir, par cette exposition de mes doutes, seroit donc,
qu’au lieu de donner comme certaines des définirions qui ne le sont
point , et d’enregistrer comme connues dans le Systema naturce des
espèces peut-être imaginaires, ce qui laisse croire aux navigateurs
qu’il ne leur reste rien à faire pour la science , on les prévint au
contraire que la science a besoin encore de toute leur attention, et
que même ce que l’on possède sur ce sujet ne pourra mériter le nom
de science que parles observations que l’on attend de leur part.
Dans l’impossibilité où l’on est de préparer et de réunir dans un
cabinet des êtres aussi gigantesques que des baleines , on pourrait y
suppléer par leur squelette ou du moins par celui de, leur tête; mais