S E C T IO N IL
D e s O s f o s s i l e s d e P h o q u e s .
C ’étoii une idée assez naturelle h une époque où l’on confondoit
toutes les espèces de terrains,; et où on les considéroit toutes comme
des produits de la mer, d’attribuer aussi à des animaux marins les
ossemens qui sont en si grand nombre dans quelques-unes ; aussi voit-
on que les descripteurs d’os fossiles ont eu souvent recours à la supposition
que les os dont ils partaient avoient appartenu à des phoques.
Les naturalistes du margrave d’Anspach prétendirent meme determiner
l’espèce d’une partie des os des cavernes de Franconie, et
les attribuèrent au petit phoque de Buffon , qui e s t, comme nous
l ’avons vu , une otarie des mers Antarctiques (i).
Esper croit aussi reconnoitre plusieurs os de phoques parmi les
os de Gaylenreuth qu’il a fait graver (2).
Le même auteur prétend avoir vu des mâchoires de phoques dans
cet amas d’os d’éléphans, d’hyènes et d’autres animaux de Kahlen-
dorf, dans le pays d’Aichstedt, dont nous, avons parlé précédemment
(3).
Targioni Tozzetti le père, parlant des brèches osseuses de Pise,
suppose que les os étoient ceux de phoques qui auraient vécu ensemble
dans les cavernes de quelques écueils de la mer (4).
Buffon lui-même se figuroit que les ossemens fossiles des environs
d’Aix dévoient appartenir à des animaux du genre des phoques,
des loutres marines, et des grands lions marins et ours marins (5). 1 2 3 4 5
(1) Hist. nat., Suppl. , t. V , in-4°- , p- 491 •
(2) Dans son Hist, des Z o o l i t h e s etc. Passim.
(3) Écrits de la Société des Naturalistes de Berlin, t. Y , p. 98.
(4) T^iaggi fa t t i in diverse parte-della Toscana , t. X , p. 3g4 , et t. X I I , p. 200.
(5) Buffon, loc. rit.
Mais aujourd’hui qu’il est si amplement démontré que les ossemens
de mammifères renfermés dans un si grand nombre de couches
proviennent d’habitans d’une terre qu’une ou plusieurs grandes
inondations ont détruite, on doit s’attendre à trouver parmi eux
très-peu de débris d’animaux marins.
En effet, rien n’est plus rare que des os de phoques et de lamantins
parmi les fossiles ; on n’y en a point encore trouvé de morses, et
s’il y en a davantage de grands cétacés, on les rencontre toujours,
comme ceux de lamantins et de phoques, dans des terrains d’origine
évidemment marine, avec des os ou des dents de poissons ordinaires
et avec des Coquilles j ou même simplement dans des alluvions assez
récemment abandonnés par la mer.
Je n’ai pu obtenir d’ossemens fossiles de phoques bien constatés
que des seuls environs d’Angers. C’est à M. Renou, professeur d’histoire
naturelle dans cette ville, que je les dois.
Ils consistent dans la partie supérieure d’un humérus, et dans la
partie inférieure d’un autre plus petit.
; Je représente le premier morceau pl. X I X , fig. 24, 25 et 26. La
tête articulaire est cassée, mais les deux tubérosités et la crête del-
toïdale y sont entières, et y montrent cette saillie extraordinaire qui
fait un des caractères distinctifs de l’humérus du phoque.
Le second morceau est gravé fig. 28 et 29. La forme de la poulie,
son obliquité, le trou du condyle externe, sont les mêmes que dans
le 'phoque.
Le premier de ces morceaux vient d’un phoque à peu près deux
fois et demie aussi grand que notre phoque commun des côtes de
France (phoca mtulina, L. ) ; le second est d’un phoque un peu plus
petit que le premier.
Dimensions de la partie supérieure d’humérus.
Hauteur de la crête deltoïdienne. . . . . . . . . . . . . » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . y o ioo
Sa plus grande la rg eu r .. . . . . . . *•*............................................................. 0,080
Saillie dé là petite tubéroéité. *v «,. . . . . ......................... 0,040
Distance entre les deux tubérosités................................................................. .. 0,04o t. y. 3o