68 OSSEMENS
L es fouisseurs à tète conique, manquant d’incisives et de canines
, mais encore pourvus de molaires ; et dont les uns ( les tatous )
à langue courte, couverts de cuirasses solides et articulées, vivent
de fruit et de la chair des cadavres;-les autres ( les oryctéropes ) ,
couverts de poils et à langue susceptible d’un grand prolongement,
mais à molaires creusées de petits canaux parallèles, vivent déjà de
fourmis ;
L es myrmecophages absolument dépourvus de dents, à bouche
prolongée en tube, terminée par une petite ouverture, contenant
une langue en forme de f i l, et susceptible du plus grand prolongement,
ne vivant aussi que de fourmis et de termites. Us comprennent
deux genres, les fourm iliers couverts de poils, et les pangolins
couverts d’écailles imbriquées et tranchantes;
Enfin les monotrèmes, si extraordinaires par l’absence de mamelles,
par les organes de la génération, infiniment plus voisins de ceux
des ovipares que de ceux des mammifères, par un squelette tenant
en partie des reptiles , en partie des mammifères à bourse, Ont ün
genre, l’échidné, couvert d épines, a langue extensible, etvivantde
fourmis, et un autre, le plus hétéroclite de tous lés quadrupèdes
couverts de poils, à langue plate, à museau comparable au bec
d’un canard , à dents vascttleuses comme celles de l’oryctêrope.
Us semblent en un mot offrir l’alliage de tous les1 contraires.
• Assurément de pareils êtres méritoient bien d’être étudiés plus
profondément que l’on n’a pu le faire jusqu’à ce jour, et ce ii’est
pas sans raison que nous avons travaillé depuis nombre d’années
avecleplus grand zèle à nous procurer les moyens d’ajouter quelque
chose aux connoissattCes que l’on en avoit.
' Nous avons été bien secondés par les amis des sciences; indépendamment
des matériaux que Daubenton avoit laissés au cabinet du
Roi, et qui se réduisoient au squelette d’ un fourmilier didactyïè et à
Ceux de deux paresseux encore très-jeunes'et épiphysés, M. de
Jussieu nous a donné unphatagin adulte , dont nous avons fait le
squelette; feu M. Richard nous a remis celui d’un ai adulte, et nous
en avons dû un autre, ainsi que divers individus dans la liqueur,
D’ÉDENTÉS. H
au voyage de M. de Lalande au Brésil; le même zélé voyageur
a rapporté du Cap plusieurs squelettes A’oryctérope ■ feu M artin
a envoyé de Cayenne celui d’un tamanoir adulte , et M. Gaymard
, l’un des naturalistes de l’expédition de M. F rey cin et, a
rapporté de Buénôs-Ayres celui d’un tamandua.MM. Leschenauld,
Duuaucel et D ia rd, nous en ont procuré de pangolins adultes.
Quant aux monotrèmes, Pérou en avoit rapporté de son voyage à
la Nouvelle-Hollande , dont nous avons, fait faire les squelettes ; et
plus récemment, sir Everad Home, et M. M a d a y , savant naturaliste
anglais , nous en Ont procuré des individus dans la liqueur qui
nous, ont suffi pour vérifier les points de leur myologie propres à
jeter du jour sur leur ostéologie.
Ainsi il ne nous manque rien de ce qui est connu dans cette famille
, et nous serions coupables si nous ne saisissions l’occasion qui
se présente de faire jouir les naturalistes de ce que ces trésors ont
offert à notre observation. Nous allons nous acquitter de ce devoir
dans les chapitres suivans.