Les animaux, lorsqu’ils courent, reçoivent leur principale impul-
ision des pieds de'derrière : aussi les bons coureurs ont-ils les pieds
de derrière plus longs; le lièvre, la gerboise, etc. La longueur des
pieds de devant ne sert qu’à embarrasser : c’est elle qui fait marcher
les crabes à reculons. Les paresseux ne peuvent presque les employer
que pour se cramponner et traîner ensuite l’arrière de leur
corps.
2°. Form e du bassin ; union extraordinaire de ses parties.
Outre cette largeur extrême du bassin et cette direction des cavités
cotyloïdes vers le haut, que nous venons d’indiquer et dont aucun
autre animal n’offre d’exemple , le bassin des paresseux a quelque
chose de particulier et de fort incommode pour la marche.
Dans les quadrupèdes des autres ordres, l’os sacrum ne tient aux
os innommés que par une petite portion de ses côtés en avant; tout le
reste est libre, et l’intervalle entre la partie postérieure dti sacrum
et l’os innominé se trouve vide pour loger des muscles et autres
parties molles , et porte le nom de grande échancrure ischiatique.
Dans les paresseux, il y a une seconde union en arriéré,' entré
le sacrum et la tubérosité de l’ischion, et au lieu d’échancrure
ischiatique il n’y a qu’un trou, comme un deuxième trou obturateur.
(Voyez pl. V I I , fig. i , a. )
On rétrouve cette structure dans d’autres édentés, tels que lès
fourmiliers et les tatous ; mais le phascolome ( didelphîs ursina de
Shaw ) est le seul quadrupède des familles plus élevées qui la présente,
et il suffît de Favoir vu marcher, ou plutôt ramper, pour
juger qu’il n’est guère plus agile que nos paresseux.
Les détroits du bassin sont énormes à proportion.
3°. A rticulation du p ied de derrière.
C’est peut-être ce qu’il y a de plus extraordinaire dans l’ai)' elle
semble arrangée exprès pour ôter à l’animal l’usage de son pied pour
la marche. .
Dans le plus grand nombre des animaux la principale articulation
de l’ astragale se fait avec le tibia par un ginglÿme plus ou moins
lâche, qui permet au pied de se ployer sur la jambe.
Ici la facette principale et supérieure de l’astragale est une fossette
conique dans laquelle pénètre comme un pivot l’extrémité du
péroné , faite en pointe. (Voyez pl. V I I , fig. 2., a. )
Le rebord de cette fossette du côté interne tourne contre une
très-petite facette qui n’occupe pas le tiers de la tête inférieure du
tibia.
Il résulte de cette disposition que le pied tourne sur la jambe
comme une girouette sur son pieu, mais qu’il ne peut pas s’y
ployer.
Il en résulte encore que le plan, le corps du pied, est presque
vertical quand la jambe l’e st, et que l’animal ne pourroit poser la
plante de son pied à terre qu’en écartant la jambe au point de la
rendre presque horizontale.
De ces deux particularités dérivent une foiblesse absolue du pied,
et l’impossibilité complète où il est de fournir au corps un point
d’appui solide.
L ’astragale, pl. V, fig- 6 , A , s’articule avec le calcanéum par
une petite facette ronde et concave, b , opposée à celle, a , qui
répond au péroné : après quoi vient un cou un peu rétréci, c , et
en avant une facette scaphoïdienne un peu ginglymoïde, d , au
bord interne de laquelle en est une petite e pour le bord antérieur
du calcanéum.
Le calcanéum, ib. B , est très-comprimé en arrière,f , mais dans
un plan presque horizontal quand la jambe est verticale. Il devient
ensuite prismatique, porte en dessus le tubercule, g , pour sa première
articulation avec l’astragale, et au bout une petite facette, h ,
pour la seconde. L ’extrémité est terminée par deux facettes qui
font un angle , l’interne i pour le scaphoïde D , l’externe k pour le
cuboïde E.
: L unau a le pied beaucoup mieux articulé : son astragale porte ,
il est vrai, une facette creuse pour le pivot, du péroné ; mais ce pivot
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