En 1725, dans le n°. 387 des Transactions, Dudley donne une
description abrégée de l’animal du sperma-ceti, mais sans prétendre
le caractériser ni le différencier du cachalot ordinaire. Cependant on
a aussi voulu faire de son animal une espèce particulière.
En 1733, dans le IIIe. volume des A cta Naturoe curiosorum,
B ayer donne une figure faite par un inconnu et anciennement communiquée
par Vallisneri, d’un cétacé échoué près de Yillefranche en
1726, et qui a quatorze dents de chaque côté en bas, un évent sur
la racine du museau et une petite nageoire pointue sur le dos; il le
trouve semblable au mular de Nieremberg, et c’est snr un pareil
renseignement que l’on a cru pouvoir établir une espèce.
En 1741 il en échoua un de quarante-neuf pieds de long dans
l’Adour, près de Bayonne, dont on donna une description dans
l’histoire de l’Académie des Sciences pour cette année-là, p. 26.
Nous avons au Muséum le dessin original d’après lequel cette description
a été faite. On ne lui compte que dix-huit dents de chaque côté.
En 1746) Anderson, qui n’en a vu aucun, prétend cependant
aussi en faire quatre espèces, mais il les emprunte manifestement des
quatre- de Sibbald.
Il parle d’abord (1) de celle qu’il considère comme la plus commune,
comme celle de Clusius, d’après un individu qui échoua dans
lElbe en 1720, et que,des paysans dépecèrent à Eischhaven près
de Stade. Il étoit long de soixante à soixante-dix pieds et ressembloit
à la figure de Jonston. Il ayoit vingt-cinq dents de chaque côté,, dont
Anderson eut deux, longues de sept et de huit pouces, et larges et
irrégulières dans le haut. La nageoire caudale avoit seize pieds d’une
pointe à l’autre.
Il fait sa seconde espèce de celui de Haseeus.
Quant à sa troisième espèce, Anderson (2) y place d’abord ceux
qui échouèrent, au nombre de dix-sept, en 1723, sur les bords de
l’Elbe près de R itaebuttel, et dont il parle d’après un rapport d’un
(*) Hist. nat. de VIsl. et du Groënl., trad. fi\ y I I ,
(2) Loc. c it .? II > 142.
sénateur de Hambourg. Ils avoient de quarante h soixante-dix pieds
de long. Leurs dents étoient au nombre de quarante-deux, longues
de huit pouces sur sept de tour, arquées; celles de derrière avoient
plusieurs pointes, et Anderson les compare a des molaires, mais il dit
qu’onles lui avoit apportées et non pas qu’il les avoit viles en situation.
En même temps il suppose qu’ils avoient des dents en haut et que
les autres cachalots en ont aussi, ce qui est loin d etre prouve.
Il rapporte également à cette troisième espèce un cachalot échoué
en 1788 dans le district à’E id ersta d t, qui avoit cinquante-une
dents recourbées, et sur le dos, vers la queue, une bosse de quatre
pieds de long sur un pied et demi de large (r).
Il en donne la figure (pl. de la p. 168) telle, dit-il, qu on la lui
avoit envoyée, mais très-grossière et faite par quelque pêcheur, où
la bosse prétendue ne paroit pas et où l’évent est sur le milieu du
museau, circonstance à peu près pareille à celle qu indique la figure
faite à Nice, et qui seroit remarquable si elle etoit reelle, mais dont
il n’est pas dit un mot dans le texte.
C’est cette figure qui est recopiée, mais en y ajoutant une bosse
qui n’est pas dans l’original, dans Bonnaterre ( Cetologie, pl. V I I,
fig. 1), et d’après lui dans l’Hist. nat. des Cétacés, pl. IX , fig. 3, sous
les noms de cachalot et de physale cylindrique (2).
Enfin Anderson déclare lui-même que sa quatrième espèce est le
weissfisch o\ibeluga, mais il veut la distinguer de la petite espece de
Sibbald, parce que Sibbald donne à celle-ci des narines indépendantes
de l’évent, ce qui est évidemment une erreur du naturaliste
écossais.
A cette époque avoient commencé à reparoître les nomenclateurs
qui, à l’exemple de Rai, travailloient par voie de compilation.
En 1738 A rted i fait deux catodons ou espèces sans dorsale, et
cleu\ physete/s ou espèces à dorsales; mais il définit ses catodons
tout à rebours de ses citations : il place sous la première espèce 1 2
(1) Loc. ç i t ., I l , 147. '
(2) Elle Test aussi sous le nom pur et simple de cachalot dans l’Hist. des Peclies ^traduite
du Hollandais par Bernard de Reste,