phoque qu’ils nomment klap-mütz ou bonnet rabattu, parce qu’il
a , disent-ils, une espèce de bonnet qu’il fait revenir sur les yeux
quand on veut le frapper (i).
J’en ai trouvé, en 1811 , sous ce nom une tête dans le cabinet de
feu Camper, qui lui avoit imposé la dénomination méthodique de
phoca mitrata (2).
Cette tête avoit été achetée à Hambourg et venoit de la mer du
Nord.
J’ai reçu depuis de M. Milbert, correspondant du Muséum à
New-York, un individu entier dont j’ai fait faire le squelette. Un
peu plus jeune que la tête de Camper, il avoit la crête occipitale
moins prononcée ; mais du reste il offrait absolument les mêmes caractères.
Cet individu, encore assez jeune, étoit long de trois pieds et demi.
Son pelage, au sortir de la liqueur, étoit blanchâtre, excepté sur le
dos et les cuisses, où il étoit brun cl’ardoise avec un reflet blanchâtre
produit par la pointe des poils ; mais leur base est brune, ainsi que
la laine qui en revêt les racines; aujourd’hui qu’il est desséché, la
graisse lui a donné une teinte jaunâtre fort prononcée. Ses ongles
sont grands et blanchâtres au bout; ses moustaches minces, courtes
et simples.
La tête de ce phoque de M. Milbert, pl. X V II I, fig. 3, comparée
à eelle d’un phoque vulgaire un pèu plus longue, est beaucoup plus
large, surtout de la partie du crâne ; l’intervalle des orbites est plus
(1) Il est représenté dans E llis ( Voy. à ia baie de Hudson-, trad. f r . , t. I I , p. 24, fig- 2) ,
et dans Egede ( Descr. du Groënland , p. 62 ) ; c’est aussi le blandru—selur ou phoque à vessie
d'Olafsen (Voy. en Islande*, trad. f r . , I I I , 2.15) , le cache museau de Crantz (Hist, des
V o y . , ,in-4°. , X I X , p. 61) ; mais on ne sait par quelle erreur Linnoeus, dans sa XIIe. édition,
avoit confondu l’animal d’Ellis avec le lion de-mer d’Anson ou son phoca leomna ;
Gmelin l’a distingué avec raison sous le nom de cristata ; Buffon, Suppl. V I , p. 324, le
nomme phoque à capuchon ; Boddaert, phoca cucullata.
(2) N. B. Tout ce qui a été dit de cet animal, de la personne qui lui auroit impose son
nom et du nombre de ses dents, dans le Journ. de Phys ., X G I , p. 300, et d’après lui
dans la Mammalogie , p. 241 , note, et par M. Vrolïk, Spec, de Phocis, p. 2 7, ne résulte
que de rapports inexacts, et ne doit point prévaloir contre le texte ci-dessus.
long et plus aplati; h l’angle antérieur de l’orbite est une saillie comprimée.
Le museau est beaucoup plus court. Lés intermaxillaires sont
loin d’atteindre aux os du nez , et ceux-ci'ont leur bord antérieur
saillant au-dessus de l’ouverture externe des narines. Ce bord forme
une pointe au milieu. Le bord postérieur du palais est coupé transversalement
, et les caisses forment des saillies encore plus grosses et
plus bombées qu’à l’espèce commune.
Il y a en haut quatre incisives, dont les mitoyennes très-petites;
en bas deux seulement, petites. Les molaires, au nombre de cinq
partout, sont un peu comprimées, striees, et ont leur tranchant divisé
en trois lobes et en plusieurs petites dentelures.
Sur le crâne et sur la nuque de cet animal est un appareil assez singulier,
et qui pourrait expliquer ce que l’on dit de 1 espèce de capuchon
qu’il relève et renfle à volonté. Ce sont des vaisseaux nombreux,
formant un réseau assez épais et renfermant beaucoup de sang, qui
faisoient même paraître la région du cou et du dessus des épaules
plus renflée que dans la plupart des phoques; mais je dois dire que
la peau ne montrait pas de disposition à se plisser ni à prendre de
forme extraordinaire.
Fabricius qui, avec la légèreté trop commune dans les premiers
élèves de Linnæus, prétendoit tout reconnoître au moyen des phrases
abrégées de son maître , ayant vu au Groënland un phoque avec
cette espèce de vessie ou de capuchon dont nous venons de parler,
il l’appela phoca leonina.
11 lui donne sept à huit pieds de longueur ; une couleur foncée
dans l’adulte, tachetée de gris sur les flancs, plus noire à la tête, aux
pieds et à la queue; et dans le jeune une couleur blanche avec du
brun ou dudivide sur le dos.
Ces caractères se rapporteraient assez à notre animal d’Amérique,
mais Fabricius attribue au sien des moustaches annelees, quatre incisives
à chaque mâchoire (1), et je ne sais quelles ouvertures à sa (l)
(l) Voyez le. Fauna groënlandica de Fabricius, p. 7 ; remarquez cependant qu’il dit
positivement n’avoir jamais vu six incisives en haut, mais que l’assertion qu il y en a quatre
en bas n’est pas répétée.