C’est également celui dont Camper a donné la tète osseuse ,
pl. X X X V et X X X Y I , X X X IX et X L , sous le nom impropre de
dauphin vulgaire.
Une espèce de dauphin moins connue que les précédens, a la
chute de sa convexité frontale plus rapide, le bec plus prononcé et
plus comprimé. Ses dents ne sont dans les têtes osseuses qu’au
nombre de 21, 22 ou 23 de chaque côté h chaque mâchoire, de 84 à
92 en tout, plus grosses qu’au dauphin commun. Ce sont les nombres
à peu près du tursio, mais les dents ne sont pas usées par le
bout et la forme du museau est assez différente.
On en a au Muséum un individu entier venu de Lisbonne et plusieurs
têtes d’origine inconnue. L ’animal entier a 24 ou 25 dents
partout. Il est long de sept pieds, et son bec de huit à dix pouces.
Il est peint de gris sur le dos, et de blanc sous le ventre et autour
des yeux ; on a donné aux nageoires une teinte d’un blanc roussâtre :
on peut croire que c’étoient les couleurs de l’animal frais. Les pectorales
sont taillées en faux comme au dauphin et au marsouin commun.
Je nommerai maintenant cette espèce j'ro n ta tu s, pour éyiter
toute équivoque (1).
M. de Fremimnlle| officier de marine distingué et naturaliste
instruit, a décrit en 1806 dans la mer Glaciale un dauphin qu’il a
nommé D . coronatus', a bec grêle, à mâchoire supérieure plus
courte que l’autre, entièrement noir et marqué de deux cercles jaunes
concentriques sur la convexité du front. La mâchoire supérieure a
15 dents dë chaque côté et l’inférieure' 24, toutes très-aiguës. La
dorsale en forme de demi-croissant est plus près de la queue que de
(1) C’est le dauphin que M. Desmarests ( Mammalogie, p. 5i 2) nomme dauphin de Geoffroy.
i l ne seroit pas impossible que la fig. 4 de Duhamel (Pêches , part. II , sect. X , pl. X ) fut
une représentation grossière de la tête de cet animal. Cet auteur d i t , p. 41 > qne cette figure
lui fut envoyée du Canada sous le nom de marsouin blanc. J’avois aüssi soupçonné que ce
pouvoit être celui que Show (Gener. zool., vol. I I , part. I I , p. 5i>4) indique d’une manière
fort abrégée sous le nom de delphinus rostratus, et qu’il croit de l’Inde ; mais il se pourroit
aussi que ce dernier fût un vieil individu de gangeticus : toutes ces indications incomplètes
ne servent qu’à mettre les naturalistes à la torture. - - . ? : as
la tète; la caudale est en croissant et les pectorales de grandeur médiocre.
Il y en a des individus de trente à trente-six pieds de longueur.
Nous né connoissons point sa tête osseuse.
M. de Freminville a commencé à rencontrer cette espèce vers le
- /pne. degré ; mais c’ est surtout entre les des de glaces qui avoisinent
le Spitzberg , par les 77 et 86°, qu’il l’a trouvée en troupes nombreuses.
Il est singulier qu’aucun autre auteur h’en ait parlé. Cette
description est prise dune note queM!. de Freminville a bien voulu
me remettre dans le temps.
De tous les dauphins à bec, le plus extraordinaire, celui qui méri-
teroit peut-être le plus de faire un genre à part, c’est le dauphin du
Gange.
Il a été décrit en 1801 par M. L eb eck , missionnaire danois à
Tranquebar, dans les Nouveaux Mémoires de la S ociété des N a turalistes
de B e r lin , t. I I I , p. 280 , et pl. I I , et par le docteur
Roxburgh, dans les Mémoires de la S o ciété asiatique de Calcuta,
t. V I I , n°. IV (éd. in-8°., p. 17b )j et pl. III. Notre Muséum en
doit deux beaux individus à MM. D iard et D uvaucel, et un squelette
entier à M. W a llich. 11 remonte en grand nombre dans le
Gange, aussi haut que ce fleuve est navigable, mais se plaît particulièrement
dans les nombreuses branches qui arrosent le delta du
Bengale ; on le nomme dans ce pays sousou : c’est probablement le
platanista de Pline (1).
Son bec est long, mince, comprimé latéralement, et plus gros au
bout que vers le milieu. Sa dorsale est extrêmement courte et peu
saillante; et ses pectorales, élargies et tronquées au bout, ont à peu
près la forme d’éventails. Il porte environ 3o dents de chaque côté ,
120 en tout, qui pendant la jeunesse sont toutes longues, droites ,
comprimées et très-aiguës, et les antérieures plus longues que les
postérieures, mais qui avec l’âge s’üsentpar la pointe, s’élargissent
oï^i). P Une, Hist. n a t., lib. I X , cap. X V : « In Gange Indiæ platanistas vocant, rostro
» delphini- et càuda, magnïtudine àutem X V cubitorum. » Cette longueur est probablement
exagérée-.