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Nos observations ne concordent pas , sur ce point,
avec celles des naturalistes que nous venons de citer;
à re.xceplion , en effet, des Atlantes que nous avons
trouvées en assez grande abondance dans toutes les
mers et qui semblent former quelquefois des bancs
considérables comme les Ptéropodes , tous les antres
Hétéropodes nous ont paru êlre des Mollusques assez
rares ; ainsi, dans tout le cours de notre voyage pendant
lequel nous avons traversé l’océan Pacifique , les
mers de l’Inde, de la Cbine, et sillonné deux fois, dans
pres(jue toute son étendue, l ’océan Atlantique, et malgré
l ’assiduité constante que nous avons toujours mise
à la recherche des animaux pélagieus, nous n’avons
cependant recueilli que denx carinaires ( dont une mutilée
) , trois firoles ( dont deux mutilées aussi ) , cinq
carinairoïdes et neuf firoloïdes ; tandis que ces Mollusques
se montraient si rarement dans nos filets, les
.âtlantes, au contraire , y venaient souvent par centaines
, comme les Hyales, les Cléodores et d’autres
Ptéropodes. La Méditerranée parait être cependant
plus riche en Hétéropodes, et, d’après les témoignages
de plusieurs naturalistes, les Carinaires et les Firoles
y seraient assez communes , du moins dans certaines
localités.
Les Hétéropodes se meuvent dans les eaux de la
mer à l’aide de leur nageoire; les Atlantes ont un
moyen de locomotion accessoire dans l’expansion foliacée
qui termine la partie de l’animal sur laquelle se
fixe l’opercule; les autres Hétéropodes, les Carinaires,
les Firoles, etc., s’aident aussi, dans leur natation, des
mouvements d’ondulation qu’ils impriment à tout leur
corps, à la manière des poissons. Ces Mollusques sont
assez lents dans leurs mouvements; ils paraissent nager
presque avec autant de facilité en arrière qu’en
avant; souvent on les voit flotter vaguement dans
l’eau, sans suivre dans leur progression une direction
déterminée. Lorsqu’ils suspendent les mouvements de
leur nageoire , ils ne tombent que lentement au fond
de l’eau , leur pesanteur spécifique n’étant que très-
peu supérieure à celle de ce liquide. Les Atlantes diffèrent
des autres Hétéropodes par leurs mouvements
plus vifs ; ces petits Mollusques agitent leur nageoire
avec beaucoup de vitesse, et leur mode de natation
ressemble bien plus à celui des Ptéropodes.
Tous les Hétéropodes nagent dans une position renversée,
c ’est-à-dire la face dorsale du corps tournée en
bas, ce qui, comme nous l’avons déjà vu pour les Ptéropodes,
a fait décrire ces Mollusques sens dessus dessous
par la plupart des naturalistes qui les ont observés
(1 ). Cette habitude, que l’on retrouve cbez presque
to u s l e s M o llu sq u e s p é la g ie u s , n o u s p a r a î t n ’ê tr e q u ’u n
(1) Nous devons dire cependant que tous les observateurs ne
sont pas d’accord sur ce point; ainsi, il en est qui disent avoir vu
des Carinaires nager la coquille en haut et la nageoire en bas ;
d’après d’autres, ces Mollusques pourraient nager également dans
les deux positions, c’est-à-dire tantôt sur le dos et tantôt sur le
ventre; mais, nous avons toujours vu ces Mollusques se tenii,
pendant la natation, dans une position renversée, ou la nageoire
en haut ; d’après l’explication que nous donnons ci-dessus, cette
position est celle qui nous paraît devoir être la plus habituelle.