usage alors., fit tomber dans une sorte de discrédit tous
les harengs des pêches étrangères. Insensiblement les Hollandais
se rapprochèrent des côtes orientales d’Angleterre,
établissant leurs üotilles de pêches sur les atterrages et
sur les fonds de Yarmouth, où l’on sait qu'il existe l’un
des plus riches et dès plus réguliers bancs de harengs. Les
Anglais élevèrent des plaintes, et c’est alors que lu t fait le
traité, connu sous le nom dintercussus, entre le roi d’Angleterre
et le duc de Bourgogne, alors souverain des
Pays-Bas. Il est dit dans ce traité, conclu en 14p4 >
les pêcheurs des deux nations p o u r r o n t pécher librem
ent partout. Il est peut-être la véritable cause de la
gloire maritime que s’acquirent les Hollandais dans les
deux siècles suivants. Par une conséquence naturelle le
commerce écossais passa entre les mains dès Hollandais.
Les plus habiles pêcheurs ouapprêteurs de poisson vinrent
s’établir à Enckhuysen, et en y portant leur industrie,
ces Écossais accrurent la prospérité de leurs rivaux. Dans
le quatorzième ét dans le quinzième siecle.; six -a sept cents
buyses faisaient ordinairement trois voyages et rapportaient
un total de quarante mille last de harengsy ce
qui donnait pour produit 1,470,000 florins dor. Quoique
les Hollandais fréquentassent par suite des nouveaux traités
les fonds de Yarmouth, leur prudence les empêcha de négliger
la pêche ,sur les côtes de Norwége. Ils entretinrent
ou firent renouveler tous les privilèges qu’ils avaient obtenus
pour la Scanie. Leur présence continuelle dans ces
mers leur permit de profiter des fautes que Jacques I I , roi
d’Écosse, avait faites en défendant de vendre du hareng
aux Hollandais et aux villes anséatiques, dans l’espérance
que les autres nations seraient obligées de s’approvisionner
directement par le produit des pêches écossaises. Les Hollandais
profitèrent de ces entraves pour étendre leur commerce,
mais en l’étendaiit il fallait aussi le protéger. En
1-547» la senle vtillef dEnckhuysen arms: huit vaisseaux
pour escorter ou surveiller ses barques. Le commerce y
devint si florissant J Iqu en 1553; elle avait en mer vingt bâtiments
de guerre, dont les frais darmement furent prélevés
sur le produit de la pêche; ils devaient surveiller les
cent quarante buyses quelle envoyait a-la poursuite du
hareng En même temps quelles protégeaient leurs pêcheurs;,
les autorités de là ville les soumirent à un serment,
pàr lequel ces marins s’engageaient de satisfaire scrupuleusement
à toutes les ordonnances ou It toutes les formalités
prescrites pour le barillage elle paqüage du hareng.
C’est avec cette prudente activité que: le commerce des
Hollandais devint en quelque sorte le premier et le plus
florissant de tous les peuples riverains de la mer du Nord.
Wàlter-Raieigh estime qu’en 1606 ils exportèrent 'pour les
pays du Nord seulement pour 1,357,000 livres sterling
de harengs. Un traité fut conclu entre les Hollandais et
les Hambourgeois:, afin de veiller avec, le plus grand soin
à l’observance de toutes les instructions ou lois de pêche,
pour conserver au poisson la réputation dont il jouissait.
A cette époque les Hollandais fournissaient de harengs salés
les quatre parties du inonde : ils en envoyaient dans tous
les royaumes d’Europe ; ils* en expédiaient des cargaisons
entières pour Smyrne et Constantinople ; ils approvisionnaient
les contrées du Midi par les échelles du Levant et
les ports de la Grèce et d’Alexandrie. Venise surtout en
consommait une immense quantité Enfin les Hollandais
faisaient traverser lAtlantique au hareng et le portaient
'jusqu’au Brésil,