qui vient après, fournit un grand nombre de preuves contraires
au système migratoràl. S’il était vrai, en effet, que
les harengs descendissent tous les ans des mers les plus
voisines du pôle, les golfes de l’Islande, ouverts au nord,
devraient fourmiller de harengs quand se fait l’émigration.
Or, cêst ce- qu’on n’a jamais vu. Olafsen dit même qu’il
n’est ’guère vraisemblable que les harengs viennent du
nord; car, dans les districts septentrionaux de' cette île on
ne trouve que fort- peu de harengs. Ge témoignage est
encore appuyé par celui d’Olavias, qui affirme que de mémoire
d’homme on n’en a pris qu’une seule fois en quantité
remarquable dans l’année 177^, mais que communément
ces poissons ne s-y montrent qu'en petite quantité; *èt que
leur abondance dans les mers d’Islande est bien au-dessoüs
dé ce qu’on croit communément. Ce récit S'accorde avëc
celui d’Égedde; cet auteur observe qu’il se passe souvent
plusieurs années sans qu’il se voie de harengs en Islande |
il s’accorde aussi avec celui de Stephensen, qui n’y a
vu ces poissons qu’en automne, s’il en excepte quelques
radeaux assez nombreux qui se montrèrent en été :à
Eyafxord. G’ést peut-être un de ces radeaux semblables
‘dont Mohr a entendu parler, lorsqu’il a dit qu’en août oii
prenait quelquefois des harengs plus gras que ceux de
Flandre.
Si nous examinons maintenant ce qui se passe en Laponie
, nous trouvons la même contradiction entre les
faits et le système des migrations du hareng. S’il était
vrai que le hareng dèscendît du pôle, et qu après avoir
doublé le cap Nord, il eotoyât les côtes de la Norwége,
les baies les plus septentrionales de ©es contrées seraient
invariablement visitées les premières à mesure que l?été
s’avancerait. Or Knudleçn*£t Pontoppidan1 2 qui connaisses
tsi bien ces 00mtréesboréales s’expriment en ces termes:
le hareng vient quelquefois en Laponie pendant l’hiver;
il-,y procure alors une bonne pêche. Pour ce qui regarde
la pêche du hareng en Nordlande, Fruqs3 rapporte quelle
est plus abondante une année que l’autre et souvent bornée
à tel district exclusivement. La pêche s’est faite pendant
longtemps à Drontheim sans interruption et elle était
très-considérable; mais on a vu le poisson disparaître de
ces baies pendant plusieurs saisons, ce qui a forcé daller
chercher le hareng fort loin vers |e nord. Ce n’est même
que depuis quelques saisons de pêche que le hareng s’est
ainsi montré dans les parties.septentrionales de la.Norvège
e t de la Laponie. On a vu aussi que nous avons insisté
sur les différences de races ou de variétés qu’on
remarque dans les formes extérieures du hareng ; les variations:
dont nous avons çité des preuves nombreuses et
quon observe sur presquotoutes les côtes, depuis les mers
septenîrionales de Norwége jusque dans la Manche, me
semblent une des réfutations les plus positives du système
migratorial des harengs. Gomment se ferait-il, par exemple,
si le hareng venait de la mer glaciale, que la petite espèce
de la Baltique traversât le Cattegat pour entrer exclusivement
dans cette mer, tandis que la grande espèce resterait
sur les côtes de Suède qui regardent le Cattegat ?
Les harengs qu’on pêçhe dans le Zuydersée présentent
les mêmes faits.
1. Knudl. j Besk. over finnrn. Lapp., 321.
2. Pont., jfinnrn. Mag., 889.
'3. Fruus, C f handling om fisch. in Nortlànd ,191