de Veau; qu’on essaierait en vain de le rappelerà la vie en
le tirant du filet et en le rejetant à la nier, dette; assertion
a obtenu un tel crédit quelle a donné lieu à plusieurs
proverbes: As dead as a herring, disent les Anglais. M. de
Lacépède a même essayé dexpliquer, par de très-longues
considérations physiologiques, fondées, sur la grandeur de
l’ouverture branchiale du, hareng, la» cause de cette mort
prétendue si prompte. Le. fait est que cette assOTti^em* «est
tout à fait exagérée. On trouve déjà plusieurs remarques
dans quelques auteurs qui o n t écrit sur le hareng, -qui
la combattent victorieusement. Neucrantz1 a vu un hareng
vivre encore plus d’une heure après qu’il eût été mis sans
précaution et avec d’autres poissons de son espèce sur
une voiture qui venait de parcourir un mille d’Allemagne.
Sagard% missionnaire en Canada, observe qu’il a vu des
harengs sauter sur le tillac lorsqu'on ramenait les filets, et
cela pendant assez longtemps avant de mourir. Noël de la
Morinière dit qu’il a vu des harengs vivre deux à trois
heures hors de l’eau, qu’il en a tenu dans ses mains et qu’il
les y a vus vivre pendant plus d’une demi-heure. J ’ai vu
également, à Dieppe, apporter des harengs pris dans des
parcs assez éloignés de la ville ; ils sautaient dans les paniers,
quoiqu’il y eût eu plusieurs heures que les poissons
étaient tirés de l’eau. Il faut, d’ailleurs, faire attention
que cette assertion n’est répandue que d’après les rapports
des pécheurs au grand filet. Or, ils retirent les
poissons étranglés dans les mailles, où ils se sont eneob
letés, de sorte que, dans ces circonstances, les poissons
1. Neucr., JZxerrit. meet. de harengo, p. 21.
2. Sag., Hist, du Canada, H, p. 165.
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meurent sous l’eau, pas un seul n’en sort vivant. Il est certain
que la vie des harengs,••• quoique moins tenace que
celle d’un grand nombre d’autres poissons, peut se prolonge*
plus qu’on ne le croit communément. Ils résistent
beaucoup plus que l’Alose, qui meurt presque immédiatement
dans le filet. Noël; a fait, d’ailleurs, quelques
expériences qui‘montrent que la ténacité vitale du hareng
permet quelques mutilations, auxquelles il ne succombe
pas plus vite* que les autres poissons si on tient les individus
dans l’eau. Il leur a coupé les nageoires; il leur a
ouvert l ’abdomen, et il a vu les opercules battre pendant
vingt-neuf minutes. On sait aussi que le hareng peut rester
emprisonné sous la glace: c’est même un moyen de pêche
dans certaines baies-de la Norwége.'
Presque tous les pêcheurs s’accordent à dire que le
hareng jette un petit cri» avant de mourir. Anderson a
fait . fa. même remarque en Écosse. Les Anglais appellent
squeackj m bruit qui est une onomatopée assez exacte
du son que le hareng produit. Noël de la Morinière assure
l’avoir entendu. Je nui pas eu occasion d’être témoin de
ce fait;, mais; il ne m’étonne pas, parce que j’ai souvent
entendu le bruit que rendent .les Barbeaux, (Gyprinus
barbus ), et il me paraît tout à fait comparable à ce que je
viens dé rapporter du hareng.
Cette clupée ne paraît pas remonter régulièrement dans
les rivières d’Europe comme le font les aloses. Si quelques
auteurs admettent que le hareng entre dans les rivières du
nord de l’Asie ou du nord de l’Amérique, c’est qu’ils confondent
des espèces étrangères, même au genre du hareng,
avec le poisson dont nous parlons. Cependant on trouve
quelques observations .qui semblent établir que quelque