naître dans ce poisson celui que Duhamel1 a figuré sous
ce même nom de Cailleu- Tassart, et qu’il avait reçu de
la même colonie par les soins de son correspondant, M. le
conseiller de Barbotteau. Il est juste de dire, cependant,
que la figure faite par les soins du magistrat qui employait
ses loisirs à l’étude de l’histoire naturelle,. ests fort exacte
et parfaitement reconnaissable. Mais l’espèce avait été signalée
aux naturalistes longtemps avant, d’abord par Brown
tdans l’Histoire de..la Jamaïque 2 3, ,,et peut-être aussi par
Osbeck?^: mais il ne me paraît pas probable que ce soit
le Clupea thrissa des Aménités académiques4. Il me semble
hors de doute que l’auteur de ces descriptions n’aurait pas
manqué de signaler le prolongement du dernier rayon de
la dorsale.
Il y a d’ailleurs une autre présomption déduite de ce
que tous, les animaux décrits dans la thèse de Odhel viennent
de la mer des Indes. Il résulte de ces observations,
qu’on peut supposer que Linné a composé, dans la dixième
édition, un Clupea thrissa, avec plusieurs espèces appartenant
à des genres différents, et cela devient hors, de
doute pour la douzième édition, où Linné y associe une
espèçe de la Caroline, qui lui était envoyée par Garden,
et qui a trente-quatre rayons à l’anale. Bloch a aussi un
Clupea thrissa, qu'il^représente en-copiant un dessin du
P. Plumier. Il représente assez exactement notre espèce,
appelée Halex festucosus. Mais l’inscription, copiée par
Bloch, semblerait prouver que cet observateur ou quel1.
Duhamel, Traité des pêches, S* l i t , pl. 81, fig. 8.
2. Brotva, Nat. fust. of Jamaic. ,/p. 443.
3. Osbèck, Reise“, 336.
4. A m oe n . a c a d . , t. TV, p. 251, n.° 30.
ques habitants de la Martinique le confondaient avec le
Mégalope sous le nom vulgaire de Savalle. D’ailleurs, la
synonymie de Bloeh est la même que celle de Linné, avec
toutes ses erreurs.' C’est également ce qu’a fait Broussonet,
qui a donné, quelques années avant Bloch, une bonne
figure du poisson - et uné description remarquable pour
l’exactitude de' ses détails.-; -Cette figure a été copiée par
Bonnaterre dans l’Encyclopédie. On a reproduit cette copie
dans le Dictionnaire dèà sciences naturelle&i en l’altérant
un peu, sous le nom de Megalope Caiüeu-Tassart,
Le Clupea thrissa est donc plus déterminé par les figures
de ces deux ouvrages que par la dénomination de Linné.
D’ailleûrs les synonymies erronées qui Ont été réunies
sous ce Clupea thrissa,expliquent comment on transporte,
dans les livres, un poisson propre aux côtes américaines,
dans les mers de Chine et du Japon, erreur qui est-répétée
dans l’histoire naturelle des poissons de Lacépède.
M. Cuvier avait d’abord eu l’idée de faire du Clupea
thrissa une espèce du genre Mégalope. C’est ce qui a déterminé
M. Agassiz1 à publier-sous le nom de Megalops
thrissoides le poisson appelé par Spix Clupanodon thris-
soides; car M.Cuvier, dans sa correspondance avec M. Mar-
tius, en parlait sous la dénomination de Megalops tenui-
jilis , parce qu’il l’öppösait au véritable Mégalope dont le
filet dorsal est beaucoup plùs gros.'*'’*
C’est sur l’impulsion de cette première direction, que
M. Lesueur2, qui a observé ces différents poissons abondant
aux États-Unis, les a décrits sous le nom de Mega-
1. Agassiz, Pisces brasil., p. 45, fig. 22.
2. Lesueur, Jouta, des sc. nat., p. 359 et 361.