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prendre en quelque sorte le poisson dans les mains;* c’est
un des spectacles les plus animés et les pins curieux dont
on puisse être témoin. Il a inspiré à l’un de nos plus
habiles peintres de marine le sujet et da composition dun
grand et beau tableau où cette scène a é té r représentée
avec beaucoup de vérité. Les manoeuvïes de tous ces
oiseaux sont un sujet continuel d-observations pour les
pécheurs qui croient en tirer de bonnes indications pour
la pèche de la nuit suivante. Il est d’ailleurs inutile de
répéter ici ce qui a déjà été dit tant dé fois, -Gesrt que
l’homme', par’son industrie , èst le plus habile et par 'conséquent
le plus terrible ennemi de ce poisson. Les chiffres
que nous donnerons en traitant de la pèche de * cette
dupée, semblent vraiment dépasser tout ce que l’imagination
peut atteindre. : .
Tout ce que nous venons de rapporter des habitudes
du hareng nous conduit maintenant a examiner 1 Opinion,
si fortement accréditée, des' voyages périodiques et réguliers
que les harengs sembleraient faire tous les ans en
bancs serrés d’une étendue presque incalculable, frayant
en route et arrivant presque exténués a 1 entrée de la
Manche vers le- milieu de l’hiver. Les naturalistes les plus
célèbres ont répété le tracé de ces voyages réguliers. On
fait venir le hareng du nord. A certaines époques de
l’année , une colonne immense quitte les- golfes '.abrités
par les glaces du cercle arctique. Elle s’avance en traversant
l’Océan et en dirigeant sa marche vers des contrées plus
tempérées.'Cette colonne d’émigrants se forme en deux
divisions dont l’une se porte à l’ouest et l’autre vers le sud.
Dans cette hypothèse les harengs de la colonne occidentale
sont destinés à peupler les rivages de la côte d’Amérique
;• la «seconde division viendrait peupler les mers
d’Êurope;Les auteurs de qesystème n’ont pas fait attention
à la distinction spécifique entre le hareng européen etpe-
lui d’Amérique. Us ont^d/silleurs oublié de faire une troisième
part pour, lesi harengs ;d|*^ mers; de l’Asie, à moins
qu’on n’admette que ceux-ci ne viennent d’une colonne
partie directement du cercle polaire. Si nous revenons
suivre la division qui,,sjest dirigée* yers le sud, on dit quelle
arrive aux attdrages.de l’Islande peu de jours avant l’équinoxe
,dn printemps. Le rétrécissement de la mer entre la
cote septentrionale du Grcenland et le cap Nord force
cette division à se resserrer; arrivée en Islande, des troupes
assez nombreuses -se*portent sur le s c ô te sd u Groenland,
mais. la masse de la colonne poursuivie par les cétacés ou
harcelée par- les oiseaux de mer, pousse ses phalanges en
tirant toujours vers le sud, après* avoir peuple les.differentes
baies de l’Islande. Parvenue dans les grande^eaux
de l’Océan septentrional, la colonne étend alçrs ses lianes
à droite et à.gauche et*se subdivise; aussi il n’y a point
d’espace de mer qu’elle ne traverse aisément ni de détroit
qu’elle ne puisse franchir.
Arrivées sur les îles de Shetland, les. nombreuses subdivisions
de cette grande , colonne auraient chacune une
destination particulière. Ce que l’on appelle l’aile gauche,
range la cote de Norwége depuis la Laponie jusqu’à l’ouverture
du Cattegati L’aile droite se dirige vers les Hébrides et
le nord de l’Irlande. Le corps du centre reste composé
de harengs destinés à peupler la mer du Nord, en suivant
les côtes orientales des Iles britanniques, et en se
portant de là dans la Manche. L’aile gauche ou la norwé-
gienne, remplirait successivement tous les golfes qu elle