Ce petit poisson, long d’environ cinq pouces, vient de >
Me Vanikoro. Il a été rapporté par MM. Quoy et Gaimard
lors du premier séjour quy fit M. Dumont d’Ürville,
La Clupéonie de Bloch.
C '^Ôtupeonia Blochiîj nob.y
Bloch a représenté , dans sa grande Ichthyologie, à la
planche 4o5, un poisson qui appartient probablement à
notre ’genre Clupéonie, autant du moins que la distribution
des couleurs peut faire croire à cette affinité; car nous
n’avons pas vu le poisson.
Il le représente beaucoup plus large que n’est le corps de nos
* autres Clupéonies, puisque la hauteur lait à peu de chose près le
tiers de la longueur totale. Le ventre a de fortes dentelures, semr
blables à celles de nos Pellones ; mais la brièveté de l’anale et la
position des ventrales la font distinguer de ce, genre. Ce poisson
aurait lç dos rembruni, les flancs rayés de dix'â'dotize lignes longitudinales
jaunes et lq Ventre argenté. La dorsale, jaütie, une
large bordure noire et une tache triangulaire de la mêtne couleui,
peut-être un peu moins foncée, an pied des sept premiers myons
de cette nageoire. La caudale a la base jaune;,toute la moitié externe
est noire. Les pectorales, un peu plus pâles que la dorsale ou la
caudale, n’ont aucune tache, fies ventrales et l’anale sont jaunes
très-pâles.
Telles sont les couleurs dont Bloch a enluminé son
poisson.
Il l’avait reçu de Tranquebar par les soins de John,
sous le nom tamoul de Pojrken ou de Namalay. Ce missionnaire
lui écrivait qué^ ’cë poisson' atteint la Ibngûëur
de dix pouces; qu’il vivait dans la mer et entrait dans
les rivières; qu’il frayait au mois de mars et d’avril; qu’on
lé pêchait en tout temps, mais que ceux que l’on prenait
en maf, juin et juillet étaient meilleurs que les individus
pris dans les autres mois de Tannée. Voilà, ce me semble,
tout ce que Ion peut rapporter, dans l’article de Bloch, à
l’espece qu’il a figurée.
Cet ichthyologisté a pensé, mais je ne sais en vérité sur
quel fondement, qu’il pourrait reconnaître dans ce poisson
le Clupea sinensis de Linné, qui paraît pour la première
fois dans la dixième édition* et qui a été reproduit
sans changement jusque dans la treizième, et avec un
caractère tellement vague, qu’il me paraît tout à fait impossible
aujourd’hui de déterminer l’espèce linéenne, à
moins que Ton ne retrouve, l’original de Linné.
Bloch, en rapportant son poisson au Clupea sinensis,
a ajouté à sa description une synonymie complètement
fausse , car le Ilarerfgus minàr indiens dé Willugjiby 1 est
un poisson tout à fait différent et dont nous avons déjà
paflé à l’article de la Sardineïlëde Nieuhof (,5. NMihown),
de sorte que tout ce que Bloch dit des habitudes de ce
poisson et qu’il a tiré de l’auteur hollandais que nous venons
de citer, devait naturellement s’appliquer à une
espèce toute différente. Ce que je ne sais pas découvrir,
c’est la source où Bloch a puisé l’assertion que son espèce
Clupea sinensis se trouvait à la fois sur les côtes de l’Asie
et de l’Amérique.
M. de Lacépède, qui n’a pas pris la peine de rechercher
ces erreurs de Bloch, a fait dans cette circonstance, comme
il ne lui est arrivé que trop souvent; il les a reproduites
dans un langage d’autant plus trompeur, qu’il l’a embelli
1. Wiïl., Ichthyol., append., p. 2, t. I , fig. 2.