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elle se divise, en deux colonnes : l’une passe devant
l’Espagne et le Portugal, pour se rendre dans la Méditerranée
, où il paraît qu’on croyoit qu’elle, terminoit
ses migrations ; l’autre paroissoit, vers le mois de
floré.al, auprès des rivages de France et d’Angleterre ,
s’enfonçoi-t dans la Manche , se montrait en prairial
devant la Hollande et la Frise, et arrivoit en messidor
vers les côtes de Jutland. C’étoit dans cette dernière
portion de l’Océan atlantique boréal que cette colonne
se séparait pour former deux grandes troupes voyageuses
: la première se jetoit dans ,1a Baltique , d’où on
n avoit pas beaucoup songé à la faire sortir ; laseconde,
moins déviée du grand cercle tracé pour la natation
de l’espèce, voguoit devant la Norvège , et retournoit
jusque dans les profondeurs ou près des rivages des
mers polaires, chercher contre les rigueurs de l’hiver
un abri qui lui étoit connu.
Bloeh et le citoyen Noël ont très-bien prouvé qu’une
route décrite avec tant de soin ne devoit cependant
pas être considérée comme réellement parcourue ;
qu’elle étoit inconciliable avec des observations sûres,
précises , rigoureuses et très-multipliées , avec les époques
auxquelles les maquereaux se. montrent sur les
divers rivages de l’Europe, avec les dimensions que
présentent ces scombres auprès de ces mêmes rivages,
avec, les rapports qui lient quelques traits de la conformation
de ces animaux à la température qu’ils
éprouvent, à la nourriture qu’ils trouvent, à la qualité
de l’eau dans laquelle ils sont plongés.
On doit être convaincu , ainsi que nous l’avons-
annoncé dans le Discours sur la nature des poissons,
que les maquereaux ( et nous en dirons autant, dans la
suite de cet ouvrage -, des harengs , et des autres osseux
que l’on a considérés comme contraints de faire périodiquement
dès voyages de long cours), que les maquereaux,
dis-je, passent l’hiver dans des fonds de la
mer plus ou moins éloignés des côtes dont ils s’approchent
vers le printemps ; qu’au commencement de
la belle saison , ils s’avancent vers le rivage qui leur
convient le mieux , se montrent souvent, comme les
thons , à la surface de la mer , parcourent des chemins
plus ou moins directs , ou plus ou moins sinueux,
mais ne suivent point le cercle périodique auquel on
a voulu les attacher , ne montrent point ce concert
régulier qu’on leur a attribué, n’obéissent pas à cet
ordre de lieux et de temps auquel on les a dits assujettis.
On n avoitque des idées vagues sur la manière dont
lès maquereaux étoient renfermés dans leur asyle sou-
marin pendant la saison la plus rigoureuse , et particulièrement
auprès des contrées polaires. Nous allons
remplacer ces conjectures par des notions précises.
Nous devons cette connaissance certaine à l’observation
suivante qui m’a été communiquée par mon respectable
collègue , le brave et habile marin, le sénateur et
vice-amiral Pléville-le-Peley. Le fait qu’il a remarqué ,
est d’autant plus curieux , qu’il peut jeter un grand