t j EF FET S DE L’A RT DE LHOMME
de toute affection trop vive, dont le charme est si
grand pour une ame sensible, n’éprouvera - 1 - il pas
une jouissance d’autant plus douce qu’il aura sous ses
jeux, au lieu d’une onde stérile, déserte, inanimée,
des eaux vivifiées, pour ainsi dire , et embellies par la
légèreté des formes, la vivacité des couleurs, la variété
des jeux, la rapidité des évolutions?
Voyons donc comment on peut transporter, accli-
mater, multiplier et perfectionner les poissons; ou,
ce qui est la même chose , montrons comment l’art
modifie leur nature.
Tâchons d’éclairer la route élevée du physiologiste
par les lumières de l’expérience, et de diriger l’expérience
par les vues du physiologiste.
Disons d’abord comment on transporte les poissons
d’une eau dans une autre.
De toutes les saisons, la plus favorable au transport
de ces animaux est l’hiver, à moins que le froid ne
soit très-rigoureux. Le printemps et l’automne le sont
beaucoup moins que la saison des frimas; mais il faut
toujours les préférer à l’été. La chaleur auroit bientôt
fait périr des individus accoutumés à une température
assez douce ; et d’ailleurs ils ne résisteraient pas à
l’influence funeste des orages qui régnent si fréquemment
pendant l’été.
C’est en effet un beau sujet d’observation pour lé
physicien , que l’action de l’électricité de l’atmosphèrë
sur les habitaus des eaux, action à laquelle ils sont
soumis non seulement lorsqu’on les force à changer de
, séjour, mais encore lorsqu’ils vivent indépendans dans
de larges fleuves, ou dans des lacs immenses, dont la
profondeur ne peut les dérober a la puissance de ce
feu électrique.
Il ne faut exposer aux dangers du transport que des
poissons assez forts pour résister à la fatigue, à la
contrainte , et aux autres inconvéniens de leur voyage.
A un an, ces animaux seraient encore trop jeunes; lage
le plus convenable pour les faire passer cl une eau dans
une autre, est celui de trois ou quatre ans.
On ne remplira pas entièrement d’eau les tonneaux
dans lesquels on les renfermera. Sans cette précaution ,
les poissons, montant avec rapidité vers la surface de
l’eau, blesseraient leur tête contre la partie supérieure
du vaisseau dans lequel ils seront placés. Ces tonneaux
devront d’ailleurs présenter un assez grand espace.
Bloch, qui a écrit des observations très-utiles sur l’art
d’élever les animaux dont nous nous occupons, demande
qu’un tonneau destiné à transporter des poissons du
poids de cinquante kilogrammes (cent livres, ou à peu
près) contienne trois cent vingt litres ou pintes d’eau.
Il est même nécessaire que vers la fin du printemps,
ou au commencement de l’automne , c’est-à-dire, lorsque
la chaleur est vive au moins pendant plusieurs
heures du jour, cette quantité deau soit plus grande,
et souvent double; et quelle que soit la température de
l’air, il faut qu’il y ait toujours une communication