effets aient lieu, ajoute plus bas leloquent naturaliste
que nous citons, quel est celui qui, après cet exemple
de la faculté de retenir des navires, pourra douter du
pouvoir qu’exerce la Nature par tant d effets spontanées
et de phénomènes extraordinaires? »
Combien de fables et d’erreurs accumulées dans ces
passages, qui d’ailleurs sont des chefs - d’oeuvre de
stjle ! Accréditées par un des Romains dont on a le
plus admiré la supériorité de l’esprit, la variété des
connoissances et la beauté du talent, elles ont été
presque universellement accueillies pendant un grand
nombre de siècles. Mais l’on n’attend pas de nous
une mythologie ; c est 1 histoire de la Nature que nous
devons tâcher d’écrire. Cherchons donc uniquement
à faire connoître les véritables formes et les habitudes
du rémora. Nous allons réunir, pour y parvenir, les
observations que nous avons faites sur un grand
nombre d’individus conservés dans des collections,
avec celles dont des individus vivans avoient été l’objet,
et que Commérson a consignées dans les manuscrits
qui nous ont été confiés dans le temps par Buffon.
La longueur totale de l’animal égale très-rarement
trois décimètres. Sa couleur est brune et sans tache;
et ce qu’il faut remarquer avec soin , la teinte en est
la même sur la partie inférieure et sur la partie supérieure
de l’animal.-Ce fait est une nouvelle preuve
de ce que nous avons dit au sujet des couleurs des
poissons, dans notre Discours sur la nature de ces
animaux : en effet, nous allons voir, vers la fin de cet
article, que, par une suite des habitudes du rémora,
et de la manière dont cet écbénéis s’attache aux rochers,
aux vaisseaux ou aux grands poissons, son ventre doit
être aussi souvent exposé que son dos aux rajons de
la lumière.
Les nageoires présentent quelques nuances de
bleuâtre. L’iris est brun , et montre d’ailleurs un
cercle doré.
Une variété que l’on rencontre assez fréquemment,
suivant Commérson , et que l’on voit souvent attachée
au même poisson, et, par exemple, au même squale
que les individus bruns, est distinguée par sa couleur
blanchâtre.
Le corps et la queue sont couverts d’une peau molle
et visqueuse , sur laquelle on ne peut appercevoir
aucune parcelle écailleuse qu’après la mort de l’animal,
et lorsque les tégumens sont desséchés; et l’ensemble
formé par la queue et le corps proprement dit, est
d’ailleurs très-alongé et presque conique.
La tête est très-volumineuse, très-aplatie, et chargée
dans sa partie supérieure d’une sorte de bouclier ou
de grande plaque.
Cette plaque est alongée, ovale, amincie et mem-
braneuse dans ses bords. Son disque est garni ou plutôt
armé de petites lames placées transversalement et attachées
des deux côtés d’une arête ou saillie longitudinale
qui partage le disque en deux. Ces lames transversales
t o m e n i .