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individus que l’on transporte d’un pajs dans un autre,
est terminée long-temps avant la fin de ces nombreuses
années. Leurs habitudes sont d’autant plus modifiées,
leur nature est d’autant plus changée avant qu’ils approchent
du. terme de leur existence, qu’on a commencé
d agir sur eux pendant qu’ils étoient encore très-
jeunes.
Cest d autres maladies que celles delà décrépitude
qu il faut chercher à préserver ou à guérir les poissons
que 1 on élève. Et maintenant nous agrandissons le sujet
de nos pensées ; et tout ce que nous allons dire doit
s’appliquer non seulement aux poissons que l’on veut
acclimater dans telle ou telle contrée mais encore à
tous ceux que la Nature fait naître sans le secours de
l’art.
Ces maladies qui rendent les poissons languissans et
les conduisent a la mort, proviennent quelquefois de
la mauvaise qualité des plantes aquatiques ou des
autres végétaux qui croissent près des bords des fleuves
ou des lacs, et dont les feuilles, les fleurs ou les fruits
sont saisis par l’animal qui se dresse, pour ainsi
dire, sur la rive, ou tombent dans l’eau , y flottent,
et vont ensuite former au fond du lac ou de la rivière
un sédiment de débris de corps organisés. Ces plantes
peuvent être, dans certaines saisons de l’année, viciées
au point de ne fournir qu’une substance mal-saine, non
seulement aux poissons qui en mangent, mais encore
à ceux qui dévorent les petits animaux dont elles ont
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composé la nourriture. Ou prévient ou on arrête les
suites funestes de la décomposition de ces végétaux en
détruisant ces plantes auprès des rives de l’habitation
des poissons, et eu les remplaçant par des herbes ou
des fruits choisis que l’on jette dans l’eau peuplée de
ces animaux.
La plus terrible des maladies des poissons est celle
qu’il faut rapporter aux miasmes produits dans le
fluide qui les environne.
C’est à ces miasmes qu’il faut attribuer la mortalité
qui régna parmi ces animaux dans les grands et
nombreux étangs des environs de Bourg, chef-lieu du
département de l’Ain, lors de l’hiver rigoureux de la
fin de 1788 et du commencement de 1789, et dont
l’estimable Varenne de Fenille donna une notice très-
bien faite dans le Journal de physique de novembre
1789. Dès le 26 novembre 1788, suivant ce très-bon
observateur, la surface des étangs fut profondément
gelée; la glace 11e fondit que' vers la fin de janvier.
Dans le moment du dégel, les rives des étangs furent
couvertes d’une quantité prodigieuse de cadavres de
poissons , rejetés par les' eaux. Parmi ces-animaux
morts , on compta beaucoup plus de carpes que de
perches , de brochets et de tanches. Les étangs blancs,
c’est-à-dire ceux dont les eaux reposoient sur un sol
dur, ferme et argilleux, n’offrirent qu’un petit nombre
de signes de cette mortalité ; ceux qu’on avoi’t récemment
réparés et nettojés, montrèrent aussi sur leurs