XXxij E F F E T S DE L’a RT DE l’ HOMME
j>our 1748, des observations curieuses du général
Montalembert, faites sur des brochets ; et le comte
d’Achard en adressa d’analogues à Buffon, eii 1779,
dans une lettre, dont mon illustre ami m’a remis dans
le temps un extrait. « Dans une terre que j’ai en Nor-
» rnandie, dit le comté d’Achard, il existe une fon-
» taine abondante dans les plus grandes sécheresses.
» Je suis parvenu, au moyen de canaux de terre cuite,
» à amener l’eau de cette source dans trois bassins'que
» j’ai dans mon parterre. Ces bassins sont murés et
» pavés à chaux et à sable ; mais on n’y a mis l’eau
» qu’après qu’ils ont été parfaitement secs. Après les
» avoir bien nettoyés et fait écouler la première eau,
» on y a laissé séjourner celle qui y est venue depuis,
» et qui coule continuellement. Dans les deux premiers
» bassins, j’ai mis des carpes de la plus grande beauté,
» avec des tanches; dans le troisième, des poissons de
» la Chine (des cyprins dorés) : tout cela existe depuis
» trois ans. Aujourd’hui les carpes, précieuses par leur
» beauté et leur grandeur vraiment prodigieuse, sont
» attaquées d’une maladie cruelle et dont elles meurent
» journellement. Elles se couvrent peu à peu d’un
» limon sur tout le corps, et sur-tout sur les yeux, où
» il y a en sus une espèce de taie blanche qui se forme
» peu à peu , comme le limon, jusqu’à l’épaisseur de
» deux ou trois lignes. Elles perdent d’abord un oejl,
v puis l’autre, et ensuite crèvent..........Les tanches et
» les poissons chinois ne sont pas attaqués de cette
sur ea Nature des poi s sons , xxxiij
» maladie. Est-elle particulière aux carpes? quel en
» est le remède? d’où cela peut-il venir? de la vivacité
» de l’eau ? etc. etc. etc. »
Celte dernière conjecture nous paroît très-fondée ;
et ce que nous venons dë dire devra faire trouver aisément
le moyen de.garantir ces poissons de cette cécité
que la mort suit souvent.
Ces poissons sont, aussi quelquefois menacés de
périr, parce qu’un de leurs organes les plus essentiels
est attaqué. Les branchies par lesquelles ils respirent,
et que composent des membranes si délicates et des
vaisseaux sanguins si nombreux et si déliés, peuvent
être déchirées par des insectes ou des vers aquatiques
qui s’y attachent, et dont ils ne peuvent pas se débarrasser.
Peut-être, après avoir bien reconnu l’espèce de
ces vers ou de ces insectes , parviendra-t-on à trouver
un moyen d’en empêcher la multiplication dans les
étangs,. et dans plusieurs autres habitations des poissons
que l’on voudra préserver de ce fléau.
Les poissons étant presque tous revêtus d’écailles
dures et placées en partie les unes au-dessus des
autres , ou couverts d’une peau épaisse et visqueuse,
ne sont sensibles que. dans une très-petite étendue de
leur surface. Mais lorsque quelque insecte, ou quelque
ver, s’acharne contre la portion de cette surface qui
n’est pas. détendue, et qu’il s’y place et s’y accroche
de manière que le poisson ne peut, en se frottant
contre des végétaux, des pierres, du sable, ou de la
tome 11 r. E