LE CORYPHÈNE CHRYSURUS*.
C ’ e s t dans la mer Pacifique, ou plutôt dans le
grand Océan équatorial, que ce superbe corjphène a
été vu par Commerson, qui aceompagnoit alors notre
célèbre navigateur Bougainville. Il l’a observé sur la
fin d’avril de 1768, vers le 16e degré de latitude australe,
et le 170e de longitude. Au premier coup d'oeil,
on croiroit devoir le rapporter à la même espèce que
l’hippurus; mais en le décrivant d’après Commerson,
nous allons montrer aisément qu’iL en diffère par un
grand nombre de caractères.
Toute la surface de ce eoryphène et particulièrement
sa queue brillent d’une couleur d’or très-écla-
tante. Quelques nuances d’argent sont seulement
répandues sur la gorge et la poitrine; et quelques
teintes d’un bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au
milieu des reflets dorés du sommet du dos. Une belle
eouleur d’azur paroît aussi sur les nageoires, principalement
sur celle du dos et sur les pectorales : elle
est relevée sur les thoracines par le jaune d’une partie
* Coryphæna chrysurus.
Coryphus chrysurus.— Undique deauratus ; dorso, pinnis, guttulisque
lateralibus , cæruleis, caud& ex auro flayescente. Commerson^manuscrits
déjà cités.
Dorât de la mer du Sud« Tel. ibidldes
rayons, et sur celle de l’anus , par les teintes
dorées avec lesquelles elle y est mêlée; mais elle ne
se montre sur la nageoire de la queue que pour y
former un léger liséré, et pour y encadrer, en quelque
sorte, l’or resplendissant qui la recouvre, et qui a
indiqué le nom du eoryphène Ë
Ajoutons, pour achever de peindre la magnifique
parure du chrysurus , que des taches bleues et lenticulaires
sont répandues sans ordre sur le dos, les
côtés et la partie inferieure du poisson, et scintillent
au milieu de l’or, comme autant de saphirs enchâssés
dans le plus riche des métaux.
L’admirable vêtement que la Nature a donné au
chrysurus , est donc assez different de celui de l’hip-
purus, pour qu’on ne se presse pas de les confondre
dans la même espèce. Nous allons les voir séparés par
des caractères encore plus constans et plus remar^
quables.
Le corps du chrysurus, très-alongé et très-comprimé
, est terminé dans le haut par une sorte de caréné
aiguë qui s’étend depuis la tête jusqu’à la nageoire de
la queue ; et une semblable caréné régné en-dessous,
depuis cette même nageoire caudale jusqu à 1 anus.
La partie antérieure et supérieure de la tete représente
assez exactement un quart de cercle, et se
termine dans le haut par une sorte darete aiguë.
* Chrysurus signifie queue d’or.