d’auteurs célèbres de la Grèce et de Rome! De quelles
réflexions, de quels mouvemens , de' quelles images
son histoire n’a-t-elle pas enrichi la morale, l’éloquence
et la poésie ! C’est à sa brillante parure qu’il a dû sa
célébrité. Et en effet, non seulement un rouge éclatant
le colore en se mêlant à des teintes argentines sur ses
côtés et sur son ventre , non seulement ses nageoires
resplendissent des divers reflets de l’or, mais encore le
rouge dont il est peint, appartenant au corps proprement
dit du poisson, et paroissant au travers des écailles
très-transparentes qui revêtent l’animal, reçoit par sa
transmission et le passage que lui livre une substance
diaphane , polie et luisante, toute la vivacité que lart
peut donner aux nuances qu’il emploie , par le moyen
d’un vernis habilement préparé. Voilà pourquoi le rou-
Plin. lib. 9, cap. 17 , 1 8 , 5i ; et lib. 32, cap. 10, 11.
Wotton, lib. 8, cap. 169 , fo l. i 5i , h.
P. Jov. cap. 18 9p. 83.
Mullus minor. Salvian.
Schonev. p. 47.
TVillughbyy p. 285.
Mull us. Raj. 77. 90.
Mulus, vel mullus. Cuba, lib. 3 , cap. 60, fo l. 84, b.
Mullus barbatus. Varron> Rustic. lib. 3 , cap. 17.
Rondelet, première partie3 liv. 1 o , chap. 3.
Mullus barbatus. Gesner3 Aquat. p. 565.
Mullus Gesneri, qui minor Salviani dicitur. Aldrovand. lib. 2 , cap. 19
p. i 3i .
Bellon, Pisc.p. 170.
Red surmulet. Brit. Zoolog. 3 , p. 227, n. 1.
Surmulet. Valmonl-Bomare > Dictionnaire d’histoire naturelle.
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get montre encore la teinte qui le distingue lorsqu’il est
dépouillé de ses écailles ; et voilà pourquoi encore les
Romains du temps de Varron, gardoient les rougets
dans leurs viviers , comme un ornement qui devint
bientôt si recherché , que Cicéron reproche à ses compatriotes
l’orgueil insensé auquel ils se livroieut, lorsqu’ils
pouvoient montrer de beaux mulles dans les eaux
de leurs habitations favorites.
La beauté a donc étéOForigine de la captivité de
ces mulles ; elle a donc été pour eux, comme pour
tant d’autres.êtres dignes d’un intérêt bien plus vif,
une cause de contrainte , de gêne et de malheur. Mais
elle leur a été bien plus funeste encore par un effet
bien éloigné de ceux qu’elle fait naître le plus souvent ;
elle les a condamnés à toutes les angoisses d’une mort
lente et douloureuse ; elle a produit dans Famé de
leurs possesseurs une cruauté d’autant plus révoltante
qu’elleétoit froide et vaine. Sénèque et Pline rapportent
que les Romains fameux par leurs richesses, et abrutis
par leurs débauches , mêloient à leurs dégoûtantes
orgies le barbare plaisir de faire expirer entre leurs
mains un des mulles rougets, afin de jouir de la variété
des nuances pourpres , violettes ou bleues , quisesuc-
eédoient depuis le rouge du cinabre jusqu’au blanc
le plus pâle, à mesure que l’animal passant par tous
les degrés de la diminution de la vie , et perdant peu
à peu les forces nécessaires pour faire circuler dans
Ses ramifications les plus extérieures de ses vaisseaux
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