et tend ensuite directement vers la nageoire de ta
queue.
Telle est la figure du rémora , tracée d après le
vivant par Commerson', et d.ont j’ai pu vérifier les
traits principaux , en examinant un grand nombre
d’individus de cette espèce conservés avec soin dans
diverses collections.
Ce poisson présente les mêmes formes dans les
diverses parties, non seulement de la Méditerranée,
mais encore de l’Océan , soit qu’on l’observe à des
latitudes élevées, ou dans les portions de cet Océan
comprises entre les deux tropiques.
Il s’attache souvent aux eétacées et aux poissons
d’une très-grande taille, tels que les squales, et particulièrement
le squale requin. Il y adhère très-fortement
par le moyen des lames de son bouclier, dont
les petites dents lui servent, comme autant de crochets,
à se tenir cramponné. Ces dents, qui hérissent
le bord de toutes les lames, sont si nombreusesV et
multiplient à un tel degré les points de contact et
d’adhésion du. rémora , que toute la force d’un homme
très-vigoureux ne peut pas suffire pour arracher ce
petit poisson du côté du squale sur lequel il s’est
accroché, tant qu’on veut l’en séparer d^ns un sens
opposé à la direction des lames. Ce n’est que lorsqu’on
cherche à suivre cette direction et à s’aider de l’inclinaison
de ces mêmes lames, qu’on parvient aisément
à détacher l’échénéis du squale, ou plutôt à le faire
glisser sur la surface du requin , et à l’en écarter
ensuite.
'Commerson rapporte * qu’ayant voulu approcher
son pouce du bouclier d’un rémora vivant qu’il obser-
vo i t , il éprouva une force de cohésion si g rande ,
qu’une stupeur remarquable et .même une sorte de
paralysie saisit son doig t , et ne se dissipa que longtemps
après qu’il eut cessé de toucher l’échénéis.
Le même naturaliste ajoute, avec raison, que, daus
cette adhésion du rémora au squale, le premier de
ces deux poissons n’opère aucune succion, comme on
l’avoit pensé -, et la cohérence de l’échénéis ne lui sert
pas immédiatement à se nourrir, puisqu’il n’y a aucune
communication proprement dite entre les lames de la
plaque ovale et l’intérieur dé la bouche ou du canal
alimentaire, ainsi que je m’en suis assuré, après Commerson,
par la dissection attentive de plusieurs individus.,
Le rémora ne s’attache, parle moyen des nombreux
crochets qui hérissent son bouclier, que pour
naviguer sans peine , profiter, dans ses déplacement;, de
mouvemens étrangers, et se nourrir des restes de la
proie du requin , comme presque tous les marins le
disent, et comme Commerson lui-même l’a cru vraisemblable.
Au reste, il demeure collé avec tant de
constance à son conducteur, que lorsque le requin est
pris, et.que ce squale, avant d’être jeté sur le pont,.
Manuscrits déjà cilét