éprouve des frottemens violens contre les bords du
vaisseau, il arrive très-souvent que le rémora ne
cherche pas à s’échapper, mais qu’il demeure cramponné
au corps de son terrible compagnon jusqu’à la mort de
ce dernier et redoutable animal.
Commerson dit aussi que lorsqu’on met un rémora
dans un récipient rempli d’eau de mer plusieurs fois
renouvelée en très-peu de temps, on peut le conserver
en vie pendant quelques heures, et que l’on voit presque
toujours cet échénéis privé de soutien et de corps
étranger auquel il puisse adhérer, se tenir renversé sur
le dos, et ne nager que dans cette position très-extraordinaire.
.On doit conclure de ce fait très-curieux, et
qui a été observé par un naturaliste des plus habiles
et des plus dignes de foi ,'que lorsque le rémora change
de place au milieu de l’Océan par le seul effet de ses
propres forces, qu’il se meut sans appui, qu’il n’est pas
transporté par un squale, par un cétaeée ou par tout
autre moteur analogue, et qu’il nage véritablement,
il s’avance le plus souvent couché sur son dos, et par
conséquent dans une position contraire à celle que
presque tous les poissons présentent dans leurs mou-
vemens. L’inspection de la figure générale des rémora,
et particulièrement la considération de la grandeur,
de la forme , de la nature et de la situation de leur
bouclier, doivent faire présumer que leur centre de
gravité est placé de telle sorte qu’il les détermine à
voguer sur le dos plutôt que sur le ventre ; et c’est ainsi
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que leur partie inférieure étant très - fréquemment
exposée, pendant leur natation, à une quantité de
lumière plus considérable que leur partie supérieure,
et d’ailleurs recevant également un très-grand nombre
de rajons lumineux, lorsque l’animal est attaché par
son bouclier à un squale ou à un cétacée, il n’est pas
surprenant que le dessous du corps de ces échénéis
présente une nuance aussi foncée que le dessus de ces
poissons.
Lorsque les rémora ne sont pas à portée de se coller
contre quelque grand habitant des eaux, ils s’accrochent
à la carène des vaisseaux ; et c’est de cette habitude
que sont .nés tous les contes que l’antiquité a imaginés
sur ces animaux, et qui ont été transmis avec beaucoup
de soin, ainsi que tant d’autres absurdités,, au. travers
des siècles d’ignorance..
Du milieu de ces suppositions ridicules , il jaillit
cependant une vérité c’est que dans les instans où la
carène d’un vaisseau est hérissée,.pour ainsi dire, d’un
très-grand nombre d’échénéis, elle éprouve, en cinglant
au milieu des eaux , une résistance semblable à celle
que feraient naître des animaux à coquille très-nombreux
et attachés également à sa surface , quelle
glisse avec moins de facilité au travers d’un, fluide que
choquent des. aspérités, et qu’elle ne présente plus la
même vitesse. Et il ne faut pas croire que les circons^-
tfmces 011 les échénéis se trouvent ainsi accumulés.*
contre la charpente extérieure d’un navire , soient.