extrêmement rares ' dans tous les parages : il est des
mers où l’on a vu ces poissohs nager en grand nombre
autour des vaisseaux, et les suivre ainsi en troupes
pour saisir les matières animales que Fou jette hors
du bâtiment, pour se nourrir des substances corrompues
dont on se débarrasse, et même pour recueillir
jusqu’aux excrémens. C’est ce qu’on a observé particulièrement
dans le golfe de Guinée ; et voilà pourquoi,
suivant Barbot1, les Hollandois qui fréquentent la côte
occidentale d’Afrique, ont nommé les rémora poissons
d’ordures. Des rassemblemens semblables de ces éché-
uéis ont été apperçus quelquefois autour des grands
squales, et s.ur-tout des requins, qu’ils paraissent suivre,
environner et précéder sans crainte , et dont on dit
qu’ils sont alors les pilotes; soit que cég poissons redoutables
aient, ainsi qu’on l’a écrit, une sorte d’antipathie
contre le goût ou l’odeur de leur chair, et dès-lors 11e
cherchent pas à les dévorer; soit que les rémora aient
assez d’agilité, d’adresse ou de ruse, pour .échapper
aux dents meurtrières des squales, en cherchant, par
exemple, un asjle sur la surface même dé ces grands
animaux, à laquelle ils peuvent se coller dans les instans
de leur plus grand danger, aussi-bien que dans les
momens de leur plus grande fatigue. Ce sont encore
des réunions analogues et par conséquent nombreuses
de ces échénéis , que l’on a remarquées sur des rochers
* Hiet, générale des voyages, liv» 3, p. 242.
auxquels ils adhéroient comme sur la carène d’un
vaisseau , ou le corps d’un requin , sur-tout lorsque
l’orage avoit bouleversé la mer, qu’ils craignoient de
se livrer à la fureur des ondes, et que d’ailleurs la
tempête avoit déjà brisé leurs forces.
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