XXXvj E F F E T S DE L’ A R T D E L * HOMME
pour les jeunes poissons, que l’on séparera en plusieurs!
bandes, formées d’après la diversité de leurs âges, et
renfermées chacune dans un réservôir particulier.
Il est des viviers et des étangs dans lesquels des
poissons très-recherchés , et, par exemple, des truites ,
vivroient très-bien, et parviendroient à une grosseur
considérable r mais le fond de ces étangs étant très-
vaseux, c’est en vain que les femelles le frottent avec
leur ventre avant d’y déposer leurs oeufs; la vase repa-
roît bientôt, salit les oeufs, les altère, les corrompt, et
les foetus périssent avant d’éclore.
Cet inconvénient a fait imaginer une manière de
faire venir à la lumière ces poissons, ét particulièrement
les saumons et les truites, qui d’ailleurs ne servira
pas peu, dans beaucoup de circonstances, à multiplier
les individus des espèces les plus utiles ou les
plus agréables. M. de Marolle, capitaine dans le régiment
de la Marine, tempérant les austérités des camps
par le charme de l’étude des sciences utiles à l’humanité
, écrivit la description de ce procédé à, Hameln en
Allemagne, pendant la guerre de sept ans. Il rédigea
cette description sur les mémoires de M. J. L; Jacobi,
.lieutenant des miliciens, du comté de Lippe -Detmold ,
et l’envoya à Buffon, qui me la remit lorsqu’il voulut
bien m’engager à continuer l’Histoire naturelle.
On construit une grande caisse à laquelle on donne
ordinairement quatre mètres de longueur,, un demi-
mètre de largeur , et seize centimètres de hauteur.
SUR L A N A T U R E D E S POI S S ONS . XXXVfj
À un bout de eetté longue caisse, on pratique un
trou carréfque l’on ferme avec un treillis de fer dont
lés fils sont éloignés les uns des autres de cinq ou six
millimètres.
On ménage un trou à peu près semblable dans la
planche du bout opposé, et vers le fond de la caisse.
Et enfin on en perce un troisième dans le couvercle
de la caisse; et on le garnit, ainsi que le second, d’un
treillis pareil à celui du premier.
Ces trous servent et à soumettre les foetus ou les
jeunes poissons à l’influence des rayons du soleil, et
à- les préserver de gros insectes et de campagnols
aquatiques, qui mangeroient et les oeufs et les poissons
■ éclos.
Un petit tuyau fait entrer l’eau d’un ruisséau ou d’une
source par le premier treillis ; et cette eau courante
s’échappe par la seconde ouverture.
On couvre tout le fond de la caisse d’un gravier bien
lavé de la hauteur de deux ou trois centimètres , et on
étend sur ce gravier de petits cailloux bien serrés, de
dimensions semblables à . celles: d’une noisette, et
parmi lesquels on place d’autres cailloux de la grosseur
d’une noix.
A l’époque du frai de l’espèce dont on veut multiplier
les individus, on se procure un mâle et une femelle
de cette espèce, et, par exemple, de celle du saumon.
On prend un vase bien net, dans lequel on met deux
ou trois litres d’eau bien claire. On tient le saumon