L’ OS PHRONÈME G A L * *1.
F o r s k a e l a vu sur les côtes d’Arabie cet osphro-
nème, qu’il a inscrit parmi les scares, et que le professeur
Gmelin a ensuite transporté parmi, les labres,
mais dont la véritable place nous paroît être à côté
du goramy. Ce poisson est regardé comme très-venimeux
par les habitans des rivages qu’il fréquente ; et
dès-lors on peut présumer qu’il se nourrit de mollusques,
de vers, et d’autres animaux marins, imprégnés
de sucs malfaisans ou même délétères pour
l’homme. Mais s’il est dangereux de manger de la chair
du gai, il doit être très-agréable de voir cet osphro-
nème : il offre des nuances gracieuses, variées èt brillantes
; et ces humeurs funestes, dérobées aux regards
par des écailles qui resplendissent des couleurs qui
émaillent nos parterres , offrent une nouvelle image
du' poison que la Nature a si souvent placé sous des
Heurs.
Le gai est d’un verd foncé; et chacune de ses écailles
étant marquée d’une petite ligne transversale violette
* Osphronemus gallus.
Scarus gallus. Forskael, Faun. Arab. p. 26, n. I I .
Labrus gallus* Linné} édition de Gmelin•
ou pourpre, l’osphronème paroît rayé de pourpre ou
de violet sur presque toute sa surface. Deux bandes
bleues régnent de plus sur son abdomen. Les nageoires
du dos et de l’anus sont violettes à leur base, et bleues
dans leur bord extérieur; les pectorales bleues et violettes
dans leur centre; les thoracines bleues ; la caudale
est jaune et aurore dans le milieu, violette sur
les côtés, bleue dans sa circonférence ; et l’iris est
rouge autour de la prunelle, et verd dans le reste de
son disque.
Le rouge, l’orangé, le jaune, le verd, le bleu, le
pourpre et le violet, c’est-à-dire, les sept couleurs
que donne le prisme solaire, et que nous voyons briller
dans l’arc-en-ciel, sont donc distribuées sur le gai,
qui les montre d’ailleurs disposées avec goût, et
fondues les unes dans les autres par des nuances très-
douces *.
Ajoutons, pour achever de donner une idée de cet
osphronème, que sa lèvre inférieure est plissée de
chaque côté; que ses dents ne forment qu’une rangée;
que celles de devant sont plus grandes que celles qui
* 5 rayons à la membrane des brancliies.
8 aiguillons et 14 rayons articulés à la nageoire du dos.
14 rayons à chacune des pectorales.
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines.
3 aiguillons et 12 rayons articulés à celle de l ’anus.
15 rayons à celle de la queue.