SÇO H I S T O I R E N A T U R E L L E
l’ensemble de la nageoire qu’ils composent, s’étende ou
se rétrécisse à la volonté' de l'animal; que le poisson
puisse agir sur l’air par une surface très-ample ou très-
resserrée; qu’indépendamment de l’inégalité des efforts
de ses muscles , la scorpène emploie une sorte d’aile
plus développée , lorsqu’elle frappe en arrière contre
les couches atmosphériques , que lorsque, ramenant en
avant sa nageoire pour donner un nouveau coup d aile
ou de rame , elle comprime également en avant une
partie des couches qu’elle traverse ; qu’il y ait une supériorité
très-marquée du point d’appui qu’elle trouve
dans la première de ces deux manoeuvres, à la résistance
qu’elle éprouve dans la seconde ; et qu’ainsi elle
jouisse d’une des conditions les plus nécessaires au vol
des animaux. Mais si la facilité de voltiger dont est
douée la scorpène que nous décrivons, lui fait éviter
quelquefois la dent meurtrière des gros poissons qui
la poursuivent, elle ne peut pas la mettre à l’abri des
pêcheurs qui la recherchent, et qui s’efforcent d’autaut
plus de la saisir, que sa chair est délicieusepelle la*
livre même quelquefois entre leurs mains, en la faisant
donner dans leurs pièges , ou tomber dans leurs filets,
lorsqu’attaquée avec trop d’avantage, ou menacée de
trop grands dangers au milieu de l’eau , elle s’élance
du sein de ce fluide dans celui de l’atmosphère.
C’est dans les rivières du Japon et dans celles d’Am-
boine que l’on a particulièrement observé ses précautions
heureuses ou funestes, et ses autres habitudes.
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Il paroît qu’elle ne se nourrit communément que de
poissons très-jeunes, ou peu redoutables pour elle.
Sa peau.est revêtue de petites écailles placées avec
ordre les unes au-dessus des autres. Elle présente,
d’ailleurs, des bandes transversales alternativement
orangées et blanches , et dont les unes sont larges et les
autres étroites. Les rayons aiguillonnés de la nageoire
dorsale sont variés de jaune et de brun ; les autres
rayons de la même nageoire, noirs et tachés de jaune ;
et les pectorales et les thoracines, violettes et tachetées
de blanc. Des points blancs marquent le cours de la
ligne latérale. L’iris présente des rayons bleus et des
rayons noirs. Et quant aux formes de la scorpène volante,
il suffira de remarquer que la tête, très-large par-
devant , est garnie de barbillons et d aiguillons; que
les deux mâchoires, égalementavancées, sont armées de
dents petites et aiguës; que les lèvres sont extensibles;
que la langue est petite , pointue , et un peu libre dans
ses mouvemens; que de petites écailles sont placées sur
les opercules ; ■ et que la membrane qui réunit les
rayons aiguillonnés de la nageoire du dos, est très-
basse , comme la membrane analogue de la scorpène
antennée. *14
* 6 rayons à la membrane des brancliies.
12 aiguillons et. 12 rayons articulés à la nageoire dorsale,
14 rayons à chacune des pectorales.
6 rayons à chacune des thoracines,
3 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la nageoire de 1 anus,
12 rayons à la nageoire de la queue , qui est arrondie.