xl EF FETS DE l’ ART DE L’HOMME
Au reste, la sorte de fécondation artificielle opérée
avec succès par M. Jacobi, peut avoir lieu sans la présence
de la femelle: il suffit de ramasser les. oeufs qu’elle
dépose dans son séjour naturel; il'seroit même possible
de connoître, à l’instafft où on les recueilleroit, >s’ils
auroient été déjà fécondés par le mâle, ou s’ils n’au-
roient pas reçu sa liqueur prolifique. M. Jacobi assure
èn effet que lorsqu’on observe avec un. bon microscope
des oeufs de poisson arrosés de la liqueur séminale du,
mâle, on peut appereevoir très-distinctement dans ces
oeufs une petite ouverture qui ne paroissoit presque
pas ,ou étoit presque insensible avant la fécondation, et
dont il rapporte l’extension à l’introduction dans l’oeuf
d’une portion du fluide de :la laite.
Quoi qu’il en soit, on peut aussi, en suivant le procédé
de M. Jacobi, se passer de la présence du mâle. On
peut n’employer la liqueur prolifique que quelque
temps après sa sortie du corps de l’animal, pourvu
qu’un froid excessif ou une chaleur violente ne dessèchent
pas promptement ce fluide vivifiant ; et même
la mort du mâle, pourvu qu’elle;soit récente, n’empêche
pas de se servir de sa laite pour la fécondation des
oeufs.
On a écrit que les digues par le moyen desquelles on
retient les eaux des petites rivières, dimiùuoient la
multiplication des poissons dans les contrées arrosées
par ces'eaux. Cela n’est vrai cependant que1 pour les
poissons qui ont besoin , à certaines époques, de
SUR LA N A T U R E D E S POI SSONS. ' xlj
remonter dans les eaux courantes jusqu’à une distance
très-grande des lacs ou de la mer, et qui ne peuvent
pas , comme les saumons, s’élancer facilement à de
grandes hauteurs, et franchir l’obstacle que les digues
opposent à leur voyage périodique. Les chaussées transversales
doivent, au contraire, être très-favorables à la
multiplication des poissons sédentaires, qui se plaisent
dans des eaux peu agitées. Au-dessus de chaque digue ,
la rivière forme naturellement une sorte de vivier ou de
grand réservoir, dont l’eau tranquille, quoique suffisamment
renouvelée, pourra ,donner à un grand
nombre d’individus d’espèces très-utiles le volume de
fluide, l’abri, l’aliment et la température le plus convenables.
Quelle est, en effet, la pièce d’eau que l’art ne puisse
pas féconder et vivifier ?
On a vu quelquefois des poissons remarquables par
leur grosseur vivre dans de petites mares. Nous avons
déjà dit dans cet ouvrage * , que le citoyen De Sept-
fontaines s’étoit assuré qu’une grande anguille avoit
passé un temps assez long, sans perdre non seulement
la vie , mais même une partie de sa graisse, dans une
fosse qui ne contenoit pas une moitié de mètre cube
deau; et il est des contrées où des cyprins, et particulièrement
des carassins , réussissent assez bien
dans de petits amas d’eau dormante, pour y donner
* Article de Vanguille.
T O M E I I I , F