lvj EFFETS DE Ù R T D E l ’ sOMME
des variétés remarquables. A mesure que l’influence
a été forte, que l’impression a.été vive, qu’elle a pénétré
plus avant, le changement a été plus profond
et par conséquent plus durable. La nouvelle manière
d’être, produite par l’empire de l’homme, a été assez
intérieure, assez empreinte dans tous les organes qui
concourent à la génération, assez liée avec toutes les
forces qui contribuent à cet acte, pour quelle ait été
transmise, au moins en grande partie, aux individus
provenus de mâles et dé femelles déjà modifiés.
Les variétés sont devenues des races plus ou moins
durables; et lorsque, par la constance des soins de
l’homme, elles auront acquis tous les caractères de la
stabilité, c’est-à-dire, lorsque toutes les parties de
l’animal qui, par une suite de leur dépendance mutuelle,
peuvent agir les unes sur les autres, auront
reçu une modification proportionnelle, et que par
conséquent il n’existera plus de cause intérieure qui
tende à ramener les variétés vers leur état primitif,
ces mêmes variétés, au moins si elles sont séparées
par d’assez grandes différences , de la souche dont
elles auront été détachées, constitueront de véritables
espèces permanentes et distinctes.
C’est alors que l’homme aura réellement exercé une
puissance rivale de celle de la Nature., et qu’il aura
conquis l’usage d’un mode nouveau et bien important
d’améliorer les poissons.
Mais il peut déjà avoir recours à ce mode, d’une
SUR L A N A T U R E DES POI S SONS . Ivij
manière qui marquera moins la puissance de son art,
mais qui sera bien plus courte et bien plus facile.
Qu’il fasse pour les espèces ce que nous avons dit
qu’il devoit faire pour les races : qu’il mêle une espèce
ayec une autre; qu’il emploie la laite de l’une à féconder
les oeufs de l’autre. Il ne craindra dans ses tentatives
aucun des obstacles que l’on a dû vaincre, toutes
les fois qu’on a voulu tenter l’accouplement d’un mâle
ou d’unë femelle avec une femelle ou un mâle d’une
espèce étrangère, et que l’on a choisi les objets de ses
essais parmi les mammifères, ou parmi les oiseaux. On
dispose avec tant de facilité de la laite et des oeufs !
En renouvelant ses efforts , non seulement on
obtiendra des mulets, mais, des mulets féconds, et qui
transmettront leurs qualités aux générations qui leur
devront le jour. On aura des espèces métives, mais
durables, distinctes, et existantes par elles-mêmes.
On sait que la carpe produit facilement des métis
avec la gibèle, ou avec d’autres cyprins. Qu’on suive
cette indication.
Pour éprouver moins de difficultés, qu’on cherche
d’abord à réunir deux espèces qui fraient dans le même
temps, ou dont les époques du frai arrivent de manière
que le commencement de l’une de ces deux époques
se rencontre avec la fin de l’autre.
Si l’on ne peut pas se procurer facilement de la
liqueur séminale de l’une des, deux espèces , et l’obtenir
avant qu’elle n’ait perdu, en se desséchant ou en
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