transparentes. Il montre, sur les côtés de sa queue, des
appendices transversales, dont la forme et la position
ont frappé les observateurs. La conformation de ses
dents n a pas été moins remarquée : elles sont émoussées,
au lieu d’être pointues, et par conséquent très-
propres à couper ou arracher les algues et les'autres
plantés marines que le scare trouve sur les rochers
qu’il fréquente. Ces végétaux marins paroissent être
l’aliment préféré par ce cheiline, et cette singularité
n’a pas échappé aux naturalistes d’Europe les plus
anciens. Mais iis ne se sont pas contentés de rechercher
les rapports que présente le scare entre la forme de
ses dents, les dimensions de son canal intestinal, la
qualité de ses sucs digestifs , et la nature de sa nourriture
très-différente de celle qui convient au plus
grand nombre de poissons : ils ont considéré le scare
comme occupant parmi ces poissons carnassiers la
même place que les animaux ruminans qui ne vivent
que de plantes, parmi les mammifères qui ne se nourrissent
que de proie; exagérant ce parallèlegjétendant
les ressemblances, et tombant dans une erreur qu’il
auroit été cependant facile d’éviter , ils sont allés
jusqu’à dire que le scare ruminoit; et voilà pourquoi,
suivant Aristote, plusieurs Grecs l’ont appelé pyipwav..
Les individus de cette espèce vivent en troupes; et
le poète grec Oppien, qui a cru devoir chanter leur
affection mutuelle , dit que lorsqu’un scare a été pris
à l’hameçon, un de ses compagnons accourt, et coupe
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la corde qui retient le crochet et l’animal, avec ces
dents obtuses dont il est accoutumé à se servir pour
arracher ou scier l'herbe qui tapisse le fond des mers;
il ajoute que si un scare enfermé dans une nasse
cherche à en sortir la queue la première, ces mêmes
compagnons l’aident dans ses efforts en le saisissant
avec leur gueule par cette queue qui se présente à
eux, et en la tirant avec force et constance; et enfin,
pour ne refuser à l’espèce dont nous nous occupons,
aucune nuance d’attachement, il nous montre les
mâles accourant vers une femelle retenue dans une'
nasse ou par un hameçon, et s’exposant, pour l’amour
d’elle, à tous les dangers dont les pêcheurs les menacent.
Mais je n’ai pas besoin de faire remarquer que
c’est un poète qui parle ; et combien le naturaliste,
plus sévère que le poète, n’est-il pas forcé de réduire
à quelques faits peu extraordinaires, des habitudes si
touchantes, et que la sensibilité voudrait conserver
comme autant d’exemples Utiles et d’heureux souvenirs
!
Le scare s’avançoit, lors des premiers siècles de l’ère
vulgaire, dans l’Archipel et dans la mer dite alors de
Carpathie, jusqu’au premier promontoire de la Troade.
C’est de ces parages que, sous l’empire de Tibère
Claude, le commandant d’une flotte romaine, nommé
Optatus Elipertius ou EUpartius, apporta plusieurs
scares vivans qu’il répandit le long du rivage d Ostie
et de la Campanie. Pendant cinq ans, on eut le soin