d’ennemis. Plusieurs gros poissons, et particulièrement
les dorades et les scombres , cherchent à les
dévorer; et telle est la malheureuse destinée de ces
animaux qui , poissons et oiseaux, sembleraient avoir
un double asvle, qu’ils ne trouvent de sûreté nulle
part, qu’ils n’échappent aux périls de la mer que
pour être exposés à ceux de l’atmosphère ., et qu’ils
n’évitent la dent des habitans des eaux que pour
être saisis par le redoutable bec des frégates , des
phaétons, des mauves, et de plusieurs autres oiseaux
marins.
Lorsque des circonstances favorables éloignent de la
partie de l’atmosphère qu’elles traversent, des ennemis
dangereux, on les voit offrir au-dessus de la mer un
spectacle assez agréable. Ajaut quelquefois un demi-
mètre de longueur, agitant vivement dans l’air de
larges et longues nageoires, elles attirent d’ailleurs
l’attention par leur nombre, qui souvent est de plus
de mille. Mues par la même crainte , cédant au même
besoin de se soustraire à une mort inévitable dans
l’Océan, elles s’envolent en grandes troupes; et lorsqu’elles
se sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu
d’une nuit ebscuTe, on les a vues briller d’une lumière
phosphorique , semblable à celle dont resplendissent
plusieurs autres poissons , et à l’éclat que jettent, pendant
les belles nuits des pajs méridionaux, les insectes
auxquels le vulgaire a donné le nom de vers luisans.
Si la mer est alors calme et silencieuse, on entend le
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D E S P O I S S O N S . 331
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petit bruit que font naître le mouvement rapide de
leurs ailes et le choc de ces instrumens contre les ■ Mil' i 111
couches de l’air; et on distingue aussi quelquefois un WW îlill
bruissement d’une autre nature , produit au travers Wmm
des ouvertures branchiales par la sortie accélérée $ h
du gaz que l’animal exprime, pour ainsi dire, de
diverses cavités intérieures de son corps, en rappro- t»i r|I ifriii1 riu i 1
chant vivement leurs parois. Ce bruissement a lieu H « J 1 1 d Refit
d’autant plus facilement, que ces ouvertures branchiales
étant très-étroites, donnent lieu à un frôlement î if i 111 h
plus considérable ; et c’est parce que ces orifices sont
très-petits, que les pirapèdes, moins exposées à un
dessèchement subit de leurs organes respiratoires , I l H
peuvent vivre assez long-temps hors de l’eau *.
On rencontre ces poissons dans la Méditerranée .•' i l
et dans presque toutes les mers des climats tempérés;
mais c’est principalement auprès des tropiques qu’ils
habitent. C’est sur-tout auprès de ces tropiques qu’on
a pu contempler leurs manoeuvres et observer leurs
évolutions. Aussi leur nom et leur histoire ne sont- i i i i i
ils jamais entendus avec, indifférence par ces voja- rl rW l
geurs courageux qui, loin de l’Europe, ont affronté : ? î > ra
les tempêtes de l’Océan, et ses calmes souvent plus j i ■ j! ■' 1
funestes encore. Iis retracent à leur souvenir leurs m m - I M
peines, leurs plaisirs, leurs dangers, leurs succès. Ils fil Il
nous ramènent, nous qui tâchons de dessiner leurs
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f§ jDiscours sur la nature des poissons.. t iy s ^ f i
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