XXXVÜ j EFFETS DE l’ ART DE l’ HOMME
femelle dans une situation verticale, et la tête en haut
au-dessus du vase. Si les oeufs sont déjà bien développés,
ou bien mûrs, ils coulent d’eux-mêmes ; sinon, on
facilite leur chûte en frottant le ventre de la femelle
doucement de haut en bas, et avec la paume de la main.
Dans plusieurs espèces de poissons , on peut voir un
organe particulier que nous avons remarqué avec soin,
qui n’a été observé que par un petit nombre de naturalistes
, dont très-peu de zoologues ont connu le véritable
usage , et que le savant Bloch a nommé nombril.
Cet organe est une sorte d’appendice d’une forme alon«
gée et un peu conique, et dont la place la plus ordinaire
est auprès et au-delà de l’anus. Cet appendice creux et
percé par les deux bouts, communique avec les réser--
voirs de la laite dans les mâles, et les ovaires dans les
femelles. Ce petit tuyau est le conduit par lequel les
oeufs sortent et la liqueur séminale s’échappe : nous le
nommons en conséquence appendice génital. L’urine du
poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet
organe une analogie de plus avec les parties sexuelles
et extérieures des mammifères. Il ne peut pas servir à
distinguer les sexes, puisqu’il appartient au mâle aussi-
bien qu’à la femelle: mais sa présence ou son absence,
et ensuite ses proportions et sa figure particulière,
peuvent être employées avec beaucoup d’avantage pour
établir une ligne de démarcation exacte et constante
entre des espèces voisines , ainsi que nous le montrerons
dans la suite de l’histoire que nous écrivons.
SUR L A N A T U R E DE S PO I S S ONS . XXxix
C’est par cet appendice génitafque, dans la méthode
de reproduction, en quelque sorte artificielle, que nous
décrivons, les femelles qui sont pourvues de cet organe
extérieur, laissent couler leurs oeufs.
Lorsque les oeufs sont tombés dans l’eau, on prend
le mâle , on le tient verticalement au-dessus de ces
oeufs; et pour peu que cela soit nécessaire, on aide par
un léger frottement l'épanchement de la liqueur prolifique
, dont on peut arrêter l’écoulement au moment
où l’eau est devenue blanchâtre par son mélange avec
cette liqueur spermatique.
Il est des espèces de poissons, et notamment de
cyprins, comme le nase, le roethens , dans lesquelles
on peut choisir avec facilité un mâle pour la fécondation
des oeufs que l’on a obtenus. Dans ces espèces, les mâles,
sur-tout lorsqu’ils sont jeunes, présentent des taches,
de petites protubérances , ou d’autres signes extérieurs
qui annoncent qu’ils sont déjà surchargés d’une laite
abondante.
On met dans la grande caisse les oeufs fécondés ; on
les y distribue de manière qu’ils soient toujours couverts
par l’eau courante; on empêche que le mouvement
de cette eau ne soit trop rapide, afin qu’il ne
puisse pas entraîner les oeufs. On écarte soigneusement
avec des plumes, ou par tout autre moyen, les saletés
qui pourroient s’introduire dans la caisse; et au bout
d’un temps qui varie suiyant les espèces, la température
de l’eau, et la chaleur de l’atmosphère, on voit
éclore les poissons que l’on desiroit.