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 femelle dans  une situation  verticale,  et la  tête  en  haut  
 au-dessus  du  vase.  Si  les oeufs sont déjà  bien  développés, 
   ou  bien mûrs, ils  coulent d’eux-mêmes ; sinon, on  
 facilite  leur  chûte  en  frottant  le  ventre  de  la  femelle  
 doucement de haut en bas, et avec la paume de  la main. 
 Dans plusieurs  espèces de  poissons ,  on peut voir un  
 organe particulier que nous avons remarqué avec soin,  
 qui n’a  été  observé que  par un  petit nombre  de naturalistes  
 , dont très-peu de  zoologues  ont  connu  le  véritable  
 usage ,  et que  le savant  Bloch a  nommé  nombril.  
 Cet  organe  est une sorte d’appendice d’une forme alon«  
 gée et un peu conique, et dont la place la plus ordinaire  
 est auprès  et  au-delà de l’anus. Cet appendice creux et  
 percé par  les deux  bouts,  communique  avec les  réser--  
 voirs  de la  laite  dans  les mâles,  et  les ovaires  dans  les  
 femelles.  Ce petit  tuyau  est  le  conduit  par  lequel  les  
 oeufs  sortent et  la liqueur séminale  s’échappe : nous  le  
 nommons en conséquence appendice génital.  L’urine du  
 poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet  
 organe  une  analogie de  plus  avec les  parties sexuelles  
 et extérieures  des mammifères.  Il ne  peut  pas  servir à  
 distinguer les sexes, puisqu’il appartient au mâle aussi-  
 bien qu’à  la  femelle: mais sa présence ou  son  absence,  
 et  ensuite  ses  proportions  et  sa  figure  particulière,  
 peuvent être employées avec beaucoup d’avantage pour  
 établir  une  ligne  de  démarcation  exacte  et  constante  
 entre  des  espèces voisines ,  ainsi  que  nous  le montrerons  
 dans la suite de l’histoire  que  nous  écrivons. 
 SUR  L A   N A T U R E   DE S   PO I S S ONS .   XXxix 
 C’est par cet appendice génitafque, dans  la méthode  
 de reproduction, en quelque sorte artificielle, que nous  
 décrivons, les femelles  qui sont pourvues de cet organe  
 extérieur, laissent couler  leurs oeufs. 
 Lorsque  les  oeufs sont  tombés dans  l’eau,  on  prend  
 le  mâle  ,  on  le  tient  verticalement  au-dessus  de  ces  
 oeufs;  et pour peu que  cela  soit nécessaire, on  aide par  
 un  léger  frottement  l'épanchement de  la  liqueur prolifique  
 ,  dont on  peut  arrêter  l’écoulement au moment  
 où  l’eau  est devenue  blanchâtre par  son mélange  avec  
 cette  liqueur  spermatique. 
 Il  est  des  espèces  de  poissons,  et  notamment  de  
 cyprins,  comme  le  nase, le  roethens ,  dans  lesquelles  
 on peut choisir avec facilité un mâle pour la fécondation  
 des oeufs que l’on a obtenus. Dans ces espèces, les mâles,  
 sur-tout  lorsqu’ils  sont jeunes,  présentent  des taches,  
 de  petites protubérances , ou d’autres  signes  extérieurs  
 qui  annoncent  qu’ils  sont  déjà  surchargés  d’une  laite  
 abondante. 
 On  met dans la  grande caisse  les oeufs  fécondés ;  on  
 les  y  distribue  de  manière  qu’ils  soient toujours  couverts  
 par  l’eau  courante;  on  empêche  que  le  mouvement  
 de  cette  eau  ne  soit  trop  rapide,  afin  qu’il  ne  
 puisse pas entraîner les oeufs. On écarte soigneusement  
 avec des plumes, ou  par  tout  autre moyen,  les saletés  
 qui  pourroient s’introduire  dans  la  caisse;  et  au  bout  
 d’un  temps  qui  varie suiyant  les  espèces,  la  température  
 de  l’eau,  et  la  chaleur de  l’atmosphère,  on  voit  
 éclore les poissons  que l’on desiroit.