manières d’être très-différentes l’une dè l’autre, et
très-faciles à distinguer. Nous en trouverions un nombre
immense si nous voulions faire attention à toutes les
nuances que chacune de ces modifications peut montrer,
et à toutes les combinaisons qui peuvent résulter
du mélange de tous ces degrés. Néanmoins ne tenons
compte que des seize caractères bien distincts qui
peuvent appartenir à l’eau ; et voyons l’influence de
la nature des différentes eaux sur la conservation des
poissons que l’on veut acclimater.
Il est évident que si l’on jette les yeux au hasard sur
une des seize combinaisons que nous venons d’indiquer,
on ne la verra pas séparée des quinze autres par
un égal nombre de différences.
Que l’on dépose donc les poissons que l’on viendra
de transporter, dans les eaux les plus analogues à celles
dans lesquelles ils auront vécu ; et lorsqu’on sera,
embarrassé pour trouver de ces eaux adaptées aux individus
que l’on voudra conserver, que l’on préfère
de les placer dans des lacs , où ils jouiront à leur vo-,
lonté des eaux courantes qui's’y jettent ou en sortent,
et des eaux paisibles qui y séjournent, où ils rencontreront
des touffes de végétaux aquatiques et des
rochers nuds, des fonds de sable et des terrains
vaseux, où ils jouiront d’une température douce en .
s’enfonçant dans les endroits les plus profonds, et où
ils pourront se réchauffer aux rayons du soleil en
s’élevant vers la surface.
Que l’on choisisse néanmoins les lacs dont les rives
sont unies, plutôt que ceux dont les rivages sont très-
hauts; et si l’on est obligé de se servir de ces lacs à
bords très-exhaussés, et où par conséquent les oeufs
déposés sur des fonds trop éloignés de l’atmosphère
ne peuvent pas recevoir l’heureuse influence de la
lumière et de la chaleur,. qu’on supplée aux côtes
basses et aux pentes douces , en faisant construire dans
ces lacs et auprès de leurs bords des espèces de parcs
ou de viviers en bois, qui présenteront des plans inclinés
très-voisins de la surface de l’eau , et que l’on garnira,
dans la saison convenable, de branches et de
rameaux sur lesquels les femelles puissent frotter leur
ventre et se débarrasser de leurs oeufs.
Aura-t-on à sa disposition des eaux thermales assez
abondantes pour remplir de vastes réservoirs, et y
couler constamment en si grand volume, que dans
toutes les saisons la chaleur y soit très-sensible? On
en profitera pour acclimater des espèces étrangères ,
utiles par la bonté de leur chair, ou agréables aux
yeux par la vivacité de leurs couleurs , la beauté de
■ leurs formes et l’agilité de leurs mouvemens , et qui
n’auront vécu jusqu’à ce moment que dans les contrées
renfermées dans la zone torride ou très-voisines des
tropiques.
Lorsque les poissons ne sont pas délicats, ils peuvent
néanmoins supporter très-facilement le passage d’une
eau à une eau trèsrdifférente de la première. On l’a