E F F R T S D E L’ A R T D E l ’ H O M M E
de l’atmosphère, ou si la gelée, pénétrant trop avant,
leur fait subir son influence, descend jusqu’à eux et
les saisit, ils tomberont dans cette torpeur plus ou
moins prolongée, qui conservera leur existence en en
ralentissant les principaux ressorts \ Combien d’individus
et même combien d’espèces cet engourdissement
remarquable ne préserve-t-il pas de, la destruction
en concentrant la vie dans l’intérieur de l’animal,
en l’éloignant de la surface où elle seroit trop fortement
attaquée , en la renfermant, pour ainsi dire ,
dans une enveloppe qui ne conserve de la vitalité que.,
ce qu’il faut pour ne pas éprouver de grandes décompositions,
et en la réduisant, en quelque sorte , aune
circulation si lente et si limitée, qu’elle peut être indépendante
des objets extérieurs ’ ! S’il ne répare pas,
comme le sommeil journalier, des organes usés par
la fatigue, il maintient ces organes; s’il ne donne
pas de nouvelles forces, il garantit de l’anéantissement
; s’il ne ranime pas le souffle de la vie, il brise
les traits de la mort. Quelles que soient la cause, la
force ou la durée du sommeil, il est donc toujours
un grand bienfait de la Nature; et pendant qu’il charme
les ennuis de l’être pensant et sensible, non seulement
il guérit ou suspend les douleurs, mais il prévient et
écarte les maux de l’animal , qui, réduit à un instinct 3
3 Voyez l’article du scombremaquereau»
a Vo y e z le Discours sur la nature dès quadrupèdes ovipares*
SUR LA' NATURE DES POISSONS. ’ XX)
borné, n’existe que dans le présent, ne rappelle aucun
souvenir, et ne conçoit aucun espoir.
La qualité et l’abondance de la nourriture, ces
grandes causes des migrations volontaires de tous les
animaux qui quittent leur pays, sont aussi les objets
auxquels on doit faire le plus d’attention , lorsqu’on
cherche à conserver des animaux en vie dans un autre
séjour que leur pays natal, et par conséquent lorsqu’on
Veut acclimater des espèces de poisson.
L’aliment auquel le poisson que l’on vient de dépayser
est le plus habitué, est celui qu’il faudra lui
procurer ; il retrouvera sa patrie par-tout où il aura sa
nourriture familière. Par le moyen d’herbes, de feuilles,
d’amas de végétaux, de fumiers de toute softe, on
donnera un aliment très - convenable aux espèces qui
se nourrissent de débris de corps organisés ; on cherchera,
on rassemblertudes larves et des vers pour celles
qui les préfèrent ; et lorsqu’on aura transporté des brochets
ou d’autres poissons voraces , il faudra mettre
dans les eaux qui les auront reçus, ceux dont ils aiment
à faire leur proie, qui se plaisent d^ns les mêmes
habitations que ces animaux carnassiers , ou qui sont
peu recherchés par les pêcheurs, comme des éperlans,
des cyprins goujons, des cyprins gibèles, des cyprins
bordelières,; etc.
On trouvera >; en parcourant les différens articles de
cette histoire, un grand nombre d’espèces remarquables
par leur beauté, par leur grandeur et par le goût exquis