n’étant pas une voix, et ne formant qu’un véritable
bruit, sont même au-dessous du sifflement des reptiles1.
Parmi les cottes, l’un de ceux qui jouissent le plus
de cette faculté de frôler et de bruire, a été nommé
grognant, parce que l’envie de rapprocher les êtres
sans discernement et d’après les rapports les plus
vagues, qui l’a si souvent emporté sur l’utilité de
comparer leurs propriétés avec convenance, a fait
dire qu’il y avoit quelque analogie entre le grognement
du cochon et le bruissement un peu grave du
cotte. Ce poisson est celui que nous allons décrire
dans cet article.
On le trouve dans les eaux de l’Amérique méridionale,
ainsi que dans celles des Indes orientales. Il est
brun sur le dos, et mêlé de brun et de blanc sur les
côtés. Des taches brunes sont répandues sur ses nageoires
, qui sont grises, excepté les pectorales et les
thoracines, sur lesquelles on apperçoit une teinte
rougeâtre2.
La surface du grognant est parsemée de pores d’où
découle cette humeur visqueuse et abondante dont il
est enduit, comme presque tous les autres cottes. *
* Voyez le Discours sur la nature des /poissons,
a A la première nageoire du dos 3 rayons,
à la seconde 20
à chacune des nageoires pectorales 22
à chacune des thoracines 4
à celle de Paous
£ 3 5
Malgré la quantité de cette matière gluante dont il
est imprégné, sa chair est agréable au goût; on ne la
dédaigne pas : on ne redoute que le foie, qui est regardé
comme très - malfaisant, que l’on considère même
comme une espèce de poison; et n’est-il pas à remarquer
que, dans tous les poissons, ce viscère est la portion
de l’animal dans laquelle les substances huileuses
abondent le plus?
La tête est grande, et les jeux sont petits. L’ouverture
de la bouche est très-large ; la langue lisse, ainsi
que le palais; la mâchoire inférieure plus avancée que
la supérieure, et hérissée d’un grànd nombre de barbillons
, de même que les côtés de la tête ; les lèvres
sont fortes ; les dents aiguës, recourbées , éloignées
l’une de l’autre, et disposées sur plusieurs rangs. Les
opercules, composés d’une seule lame, et garnis chacun
de quatre aiguillons, recouvrent des orifices très-
étendus. L’anus est à une distance presque égale de la
gorge et de la nageoire caudale, qui est arrondie.