en ne rencontrant que des différences très-peu sensibles
, puisque lés deux extrêmes- de cette série se
ressemblent beaucoup , sont placés, par conséquent,
à une petite élévation l’un au-dessus de l’autre, et
cependant communiquent ensemble ; si je puis employer
cette expression, par plus de deux cents degrés?
Les divisions que l’on peut former dans cette longue
série, ne peuvent donc être déterminées qu après beaucoup
de soins, de recherches et de comparaisons; et
voilà pourquoi presque tous les naturalistes, meme les
plus habiles, n’ayant pas eu à leur disposition assez
de temps, ou des collections assez nombreuses, ont
établi pour cette tribu, des genres caractérisés d’une
manière si foible, si vague, si peû constante, ou si
erronée, que, malgré des efforts pénibles et une
patience soutenue, il étoit quelquefois impossible, en
adoptant leur méthode distributive, d inscrire un individu
de cette tribu, que l’on avoit sous les yeux, dans
un genre plutôt que dans un autre, de le rapporter à
sa véritable espèce, ou, ce qui est la même chose, d’en
reconnoître la nature.
Bloch avoit senti une partie des difficultés que je
viens d’exposer; il a proposé, en conséquence, pour les
espèces de cette grande famille , plusieurs nouveaux
genres, dont j’ai adopté quelques uns : mais son travail
à l’égard de ces animaux m’a paru d’autant plus
insuffisant, qu’il n’a pas traité de.toutes les espèces de
cette tribu connues de son temps ; quil n avoit pas a
classer les espèces dont je vais publier, le premier,
la description; que les caractères génériques qu il a
choisis , ne sont pas tous aussi importans qu’ils doivent
l’être pour produire de bonnes associations génériques
; et enfin, qu’ayant composé plusieurs genres
pour la tribu qui nous occupe, long-temps après avoir
formé pour cette même famille un assez grand nombre
d’autres genres , sans prévoir, en quelque sorte, le
besoin d’un supplément de grouppes, il avoit déjà
placé dans ses anciens genres, des espèces quil devoit
rapporter aux nouveaux genres qu’il vouloit fonder.
Profitant donc des travaux de mes prédécesseurs,
de l’avantage de pouvoir examiner d’immenses collections
, des observations nombreuses que plusieurs
naturalistes ont bien voulu me communiquer, et de
l’expérience que ; ai acquise par plusieurs années
d’étude et par les différens cours que j ai donnes,
j’ai considéré dans leur ensemble toutes les espèces
de la tribu que nous avons dans ce moment sous les
yeux ; je l’ai distribuée en nouveaux grouppes; et
recevant certains genres de Linné et dé Bloch, modifiant
les autres ou les rejetant, y ajoutant de nouveaux
genres, dont quelques uns avoient été indiqués
par moi dans mes cours et adoptés par mon savant
ami et confrère le citoyen Cuvier dans ses Élémens
Æhistoire naturelle, donnant enfin à toutes ces sections,
des caractères précis, eonstans et distincts, j ai terminé
l’arrangement méthodique dont on va voir le résultat.