LE C O T T E GROGNANT * .
P resque tous les cottes ne présentent que des couleurs
tfernes , des nuances obscures, des teintes monotones.
Enduits d’une liqueur onctueuse qui retient sur
leur surface, le sable et le limon, couverts le plus
souvent de vase et de boue, défigurés par cette couche
sale et irrégulière, aussi peu agréables par leurs proportions
apparentes que par leurs tégumens , qu’ils clifi
f'èrent, dans leurs attributs extérieurs, de ces magnifiques
coryphènes sur lesquels les feux des diamans,
de l’or, des rubis et des saphirs , scintillent de toutes
parts, et auprès desquels on diroit que la Nature les
a placés, pour qu’ils fissent mieux ressortir l’éclatante
parure de ces poissons privilégiés ! On pourroit être
* Cottus grunniens.
Jd. Linné, édition de Gmelin,
B loch j pi, ijq*
rCotte grognard. Daubenton, Encyclopédie méthodique.,
Jd. Bonnaterre, planches de VEncyclopédie méthodique.
Mus, Adolph. Frid. 2, p, 65.
Gronov.. Mus. i , p. 46 , n, 106 ; et Zooph. p. 79^ n, 3-69.
iSebaj Mus. 3 , p., 80, n, 4 , tab. ïûyfig. 4.
-Corystion capile crasso, oré ranæ amplo, etc,. Klein, Miss, pisc, 4j
p. 4gj y n. 8.
Marcgr. Brasil. p. 78.
Willughby> Ichthyol, p. 289, tab. Sj 11 ,fig. 1 ; Append, p. .3 , tab. 4»
fis-1-
£Tigui. Raj, Pisc, p. 92 , n. 7 ; et p, j 5o , n, 7.
h i s t o i r e N A T U R E L L E . 2 3 3
tenté de croire que s’ils ont été si peu favorisés lorsque
leur vêtement leur a été départi, ils en sont,
pour ainsi dire, dédommagés par une faculté remarquable
et qui n’a été accordée qu’à un petit nombre
d’habitans des eaux, par celle de proférer des sons.
Et en effet, plusieurs cottes, comme quelques balistes ,
des zées, des trigles et des cobites, font entendre ,
au milieu de certains de leurs mouvemens, une sorte
de bruit particulier. Qu’il y a loin cependant d’un
simple bruissement assez foible , très-monotone , très-
court , et fréquemment involontaire, non seulement
à ces sons articulés dont les nuances variées et légères
ne peuvent être produites que par un organe vocal
très-composé, ni saisies que par une oreille très-
délicate , mais encore.- à ces aecens expressifs et si
diversifiés qui appartiennent a un si grand nombre
d’oiseaux, et même à quelques mammifères! Ce n’est
qu’un frôlement que les cottes, les cobites, les trigles,
les zées, les balistes, font naître. Ce n’est que lorsque,
saisis de crainte, ou agités par quelque autre affection
vive, ils se contractent avec force , resserrent subitement
leurs cavités intérieures, chassent avec violence
les différens gaz renfermés dans ees cavités, que ces
vapeurs sortant avec vitesse, et s’échappant principalement
par les ouvertures branchiales , en froissent
les opercules élastiques, et, par ce frottement toujours
peu soutenu, font naître des sons, dont le degré
d’élévation est inappréciable, et qui par conséquent,
TOME ni. 3°